Moins de deux semaines après les images de tortues braconnées à Mayotte, notre équipe a interrompu un nouvel acte de braconnage, plus violent cette fois. Alors qu’ils arrivaient sur la plage de Moya 1 (sur petite terre), une des plages les plus touristiques de l’ile en théorie gardée par des gardes chargés de protéger les tortues, nos volontaires ont été pistés par un luxueux 4X4 dans la pénombre, les feux au dessus de la plaque d’immatriculation éteints. Il attendait vraisemblablement de récupérer la viande de tortues.

C’est en arrivant sur la plage que nos volontaires ont fait la macabre découverte de deux tortues éventrées, leurs oeufs éparpillés dans le sable. Les surplombant, les braconniers encore dans les parages ont saisi de grosses pierres qu’ils ont fait pleuvoir sur leur tête, heureusement, sans qu’elles ne parviennent à toucher personne. Les braconniers ont également brulé la voiture de notre équipe. Aucune trace nulle part des gardes censés monter la garde pour les tortues.

« Nous n’abandonnerons pas Mayotte. Si nous avons souvent dit que nous étions prêts à mourir pour des baleines, nous sommes aussi prêts à mourir pour des tortues ».

Lamya Essemlali, responsable de la campagne Nyamba et présidente de Sea Shepherd France

Malgré l’intervention des gendarmes qui ont répondu à notre appel et qui nous ont aidé à récupérer une partie de la viande de tortues laissée par les braconniers dans leur fuite, ces derniers n’ont pas pu être arrêtés.

Si les trois gendarmes qui sont intervenus n’ont pas manqué de volonté et de courage, les effectifs mobilisés sur place sont démesurément insuffisants face à l’ampleur de la tâche. La France semble sourde et aveugle à la crise sociale et écologique qui ronge Mayotte à grande vitesse. Elle laisse mourir ce département d’outre mer qui abrite l’un des plus grands lagons du monde et une biodiversité aujourd’hui en sursis. Entre humains et vis à vis de la Nature, la seule loi qui semble prévaloir dans ce département français est la loi du plus fort. Le résultat est un chaos social et environnemental difficile à imaginer depuis la métropole. Autrefois un paradis, Mayotte est devenue un enfer.

Sea Shepherd a lancé l’Opération Nyamba, en réponse à l’appel à l’aide de mahorais, inquiets de voir mourir leur ile dans l’indifférence et c’est main dans la main avec eux que nous agirons. La situation sur place est encore plus dramatique que ce à quoi nous nous attendions mais loin de nous décourager, cette difficulté ne fait que renforcer notre détermination. Nous sommes là pour rester.

NB : Cette vidéo relate les faits dont les photos ont été diffusées la semaine dernière.