Dans la nuit du 16 au 17 juillet dernier, une tortue caouanne est venue pondre sur la plage de Valras, ce phénomène aujourd’hui exceptionnel était autrefois la norme sur les plages méditerranéennes.

Très anthropisées, les plages méditerranéennes françaises autrefois accueillantes sont devenues hostiles aux tortues. Les engins de pêche non sélectifs (première cause mortalité) et la pollution plastique amoindrissent encore les chances de survie de ces espèces fragiles. « Dans un tel contexte, la ponte survenue à Valras tient presque du miracle. Un miracle que l’on aimerait voir se reproduire plus souvent sur nos plages, à condition de parvenir à réduire au maximum les perturbations humaines pour maximiser les chances de survie des tortillons » déclare Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France.

Une belle mobilisation pour protéger le nid

La ponte a eu lieu sur une plage très fréquentée et en pleine période estivale. Les nids de tortue son très fragiles et tout tassement du sable, provoqué notamment par des piétinements peut empêcher la remontée des petits lors de l’émergence. Pour cette raison et pour prévenir tout potentiel acte de malveillance, le nid a été surveillé 24/24 depuis la ponte. Contrairement à ce qu’affirme un article du Midi Libre publié le 26 Août, Sea Shepherd n’est pas présent sur place depuis le 23 Août mais depuis le 20 juillet. Nos bénévoles sont venus à leurs frais de toute la France (Marseille, Lyon, La Rochelle, Strasbourg et Lille) et comptabilisent à ce jour 375 heures de garde sur 33 jours, de jour comme de nuit afin de s’assurer que le nid ne soit pas dérangé et afin de sensibiliser et informer le grand public. Nos bénévoles sont également restés joignables 24h/24 pour assurer en urgence les gardes qui n’étaient pas honorées sans préavis et assurent depuis le 25 Août une présence continue sur site, 24h24

La Mairie de Valras s’est particulièrement investie dans le dispositif de sécurité et le suivi afin que la période de maturation des œufs se déroule au mieux et nous saluons l’engagement personnel de l’adjoint au Maire, Monsieur Sébastien Vieu. La Mairie a également mobilisé un emploi civique qui était présent tous les jours et qui s’est assuré qu’il n’y ait pas de trous dans le planning des surveillances.

Yann Ghesors, président de l’association de sauvegarde du littoral des Orpellières et du Biterrois s’est également beaucoup investi et a été très présent sur site au cours des deux derniers mois. Le SDIS, la police municipale et les services techniques de la ville ont installé les barrières de protection. Nous remercions tous ces acteurs pour leur mobilisation essentielle ainsi que l’École de Voile de Valras Plage qui a accueilli gracieusement notre camping-car, nous permettant ainsi de loger nos bénévoles dans de bonnes conditions.

Camping-car hébergeant nos bénévoles depuis le 20 juillet

Le retour du CESTMed jusqu’ici aux abonnés absents.

Depuis le 25 Août, l’éclosion tant attendue peut commencer à tout moment. C’est à partir de cette date que le CESTMed, aux abonnés absents pendant les longues semaines de maturation des œufs, a refait surface. Contrairement à ce qui a été affirmé dans certains articles de presse, non seulement le CESTMed n’a pas coordonné la surveillance du nid, mais il y a très peu contribué.

Cette surveillance essentielle n’a pu se faire que grâce à l’engagement de la Municipalité de Valras, à la trentaine de bénévoles de Sea Shepherd et à Yann Ghesors de l’association de sauvegarde des Orpeillères.

En comparaison, jusqu’à la date de l’éclosion, le CESTMed n’a mobilisé qu’un stagiaire qui a été très peu vu sur le site et pour cause, il travaillait en parallèle dans un camping et n’a qu’une expérience très limitée des tortues. Cette personne n’est pas à blâmer mais le décalage entre la réalité et la communication du CESTMed qui laisse penser qu’ils ont occupé une place centrale dans le dispositif, méritait une mise au point. Son directeur, Jean Baptiste Senegas pourtant basé juste à côté au Grau du roi et dont l’unique objet social est la préservation des tortues de Méditerranée, ne s’est pas déplacé une seule fois sur le site et n’a jamais contacté la Mairie de Valras pour s’enquérir de la situation. A titre de comparaison, la Présidente de Sea Shepherd France qui n’est pourtant pas basée dans la région et qui travaille sur de multiples fronts, est venue en juillet voir le nid et rencontrer l’adjoint au Maire et les bénévoles sur site.

Nous n’avons, contrairement au CESTMed, quasiment pas communiqué sur notre engagement sur le terrain qui est pourtant réel, mais il nous apparait important aujourd’hui non seulement par égard pour nos bénévoles mais aussi pour la Mairie de Valras et pour tous ceux qui se sont mobilisés dans l’ombre, que les choses soient dites.

Responsabilité, humilité et enseignements à tirer.

S’il est essentiel de prévenir toute perturbation anthropique lors de l’émergence, il est tout aussi fondamental de laisser la Nature faire les choses. Le meilleur accompagnement de cette émergence sera de faire en sorte qu’elle soit la plus proche possible des conditions naturelles, sans perturbation, ni intervention excessive de l’humain. A titre d’exemple, si cela part d’une bonne intention, ériger une butte pour empêcher l’eau d’arriver jusqu’au nid n’a aucune utilité. A moins d’un événement météorologique hors normes, qui submergerait le nid pendant plusieurs jours, les tortillons s’accommodent très bien de voir leur nid recouvert par une marée de quelques heures. Jamais les tortues n’auraient survécu 200 millions d’années si elles étaient à ce point vulnérables aux aléas des marées.

Au cours des nombreuses heures de garde, nos bénévoles ont pu échanger avec des centaines de personnes, jeunes et moins jeunes. La présence de ce nid nous donne l’opportunité de rappeler que la mer Méditerranée, bien qu’étant la plus surpêchée et la plus polluée au monde, est encore l’habitat d’espèces fragiles et essentielles au maintien d’un monde vivant. « S’émerveiller de la présence de ce nid et de la prochaine émergence doit être l’occasion de nous rappeler à nos responsabilités envers le monde marin. Cela doit interpeller nos consciences endormies. » conclut Lamya Essemlali