La plupart des baleiniers ont rangé leurs harpons (à l’exception de certains irréductibles qui chassent encore dans leurs eaux territoriales). Mais le spectre qui menace aujourd’hui les baleines, et les mammifères marins dans leur ensemble, est bien plus discret et sournois que les harpons explosifs. Pas de bains de sang, mais une morte lente, douloureuse. L’extermination des doux géants est désormais silencieuse.

Flucker est victime des “activités humaines”, à l’instar de milliers d’autres. Sa lente agonie permet de braquer les projecteurs sur son triste sort là où ses nombreux congénères meurent dans l’indifférence générale.

Une fois que l’on a fait ce constat, que faire ? D’abord, il s’agit d’identifier quelles sont ces “activités humaines” qui font tant de tort aux cétacés.

La première menace, c’est la pêche. Industrielle ou artisanale peu importe, c’est la méthode de pêche qui compte. La mer Méditerranée où évolue Flucker est la mer la PLUS SURPECHEE AU MONDE et pourtant, 92% des bateaux de pêche font moins de 12 mètres et pratiquent une pêche locale. Quand on aura compris que “petite pêche locale” ne rime pas forcément avec “durable ou éthique”, on aura fait un grand pas en avant.

Ensuite, vient la pollution. Là encore pour ce qui est du plastique, 70% des macro déchets plastiques dans l’océan sont des résidus d’engins de pêche. S’ajoutent à cela bien sur les déchets plastiques à usage domestique.

Puis vient tout le reste, changement climatique, trafic maritime, pollution sonore, acidification de l’océan, zones mortes dues à l’élevage intensif…

Commencer par bien identifier les causes est un préalable indispensable pour bien identifier les solutions.

Pour ce qui est de la Méditerranée, Sea Shepherd s’efforce d’acquérir un navire supplémentaire qui sera spécialement dédié à la défense et à la protection de cette mer très fragile. Ce navire sillonnera la méditerranée et mènera des missions contre la pêche illégale et la récupération de filets fantômes. (Filets de pêche perdus ou jetés en mer qui continuent à décimer la vie marine)

Si le sort de Flucker émeut à juste titre, que son agonie serve à nous éveiller au sort tragique que subissent les mammifères marins du fait de notre comportement collectif. Puisque nous sommes à l’origine du problème, la solution ne pourra venir que de nous.

NB : à ceux qui nous demandent s’il n’est pas possible d’abréger les souffrances de Flucker. En toute humilité, ça n’est clairement pas notre domaine de compétence. Euthanasier un animal de cette taille, en pleine mer n’a sans doute jamais été fait et le faire “proprement” est compliqué. Quant à lui fabriquer une prothèse (solution qui nous séduit le plus dans l’idée) ça n’est là non plus pas notre expertise. Nous luttons pour empêcher que ce genre de situations se reproduise. Nous laissons les scientifiques et ceux dont c’est le domaine de compétences tenter quelque chose, si tant est que quelque chose soit encore possible. Nous pouvons simplement mettre à disposition un bateau si besoin.

Lamya Essemlali
Présidente Sea Shepherd France