La France est le pays qui tue le plus de dauphins en Europe et l’un des pires pays à l’échelle mondiale. En 2017, les scientifiques de l’Observatoire Pélagis tiraient la sonnette d’alarme en affichant une estimation annuelle moyenne de 3 500 dauphins tués dans le Golfe de Gascogne et en Manche. Une mortalité si élevée qu’elle menaçait déjà à terme la survie de la population de dauphins. L’année 2018 a été pire encore que 2017 et 2019 bat tous les records avec une estimation de 11 500 dauphins tués !! C’est un carnage sur une espèce protégée au niveau national et européen, au nom d’une activité économique qui s’obstine à nier ses responsabilités et qui refuse la transparence en s’opposant catégoriquement aux caméras sur les ponts des navires, comme ça se pratique notamment en Australie.

Mais nos pêcheurs français ne veulent pas en entendre parler, José Jouneau, président du comité régional des pêches des Pays de la Loire promet même la Révolution si des caméras fixées sur les ponts des navires devaient documenter leurs captures.

Toujours selon Jouneau et malgré le nombre de dauphins tués qui explose : « les marins pêcheurs n’ont pas à rougir de leurs efforts pour limiter le nombre de captures accidentelles de dauphins »

La profession devrait plus que rougir de la situation, elle devrait être morte de honte.

José Jouneau va jusqu’à affirmer que : « La profession joue le jeu. Il y a eu de sacrées avancées. » Les pêcheurs responsables ne jouent pas le jeu. Ils font semblant, ils gagnent du temps en agitant des solutions qu’ils savent inefficaces (répulsifs acoustiques ou observateurs embarqués au bon vouloir des patrons de pêche, sur des zones et des périodes choisies). Et le Ministère va dans le même sens. Chaque année, leurs communiqués de presse respectifs sont littéralement des copié-collé.

Les seules « sacrées avancées » que l’on peut mesurer chaque année sont celles qui poussent les dauphins toujours plus vite vers l’extinction. L’attitude des Comités des pêches est scandaleuse, elle entache toute la profession et l’image de la France dont elle a fait un des plus grands charniers mondiaux pour les dauphins. Nous n’avons de toute évidence aucune leçon à donner aux iles Féroé ou au Japon, souvent pointés du doigt et qui pourtant à eux deux tuent bien moins de dauphins que nous.

Enfermés dans un déni coupable et complice, les Comités des Pêches font tout pour que rien ne change et continuent à protéger les pires pratiques de la profession, faisant perdre au dauphins un temps précieux. Le Président du Comité Régional des Pêches, Olivier le Nezet va jusqu’à diffamer Sea Shepherd en affirmant sur France Bleu que la fameuse vidéo d’un dauphin dépecé sur le pont d’un navire pour être mangé, a été manipulée afin de faire croire qu’il s’agit de pêcheurs français, alors que selon lui, il s‘agirait de marins étrangers.

Un tel degré de déni est bien la preuve qu’il ne faut pas attendre que la solution vienne des Comités des Pêches, qui derrière des postures de façade, semblent en réalité très bien s’accommoder de la situation.

Tous les pêcheurs qui ne sont pas concernés par ce carnage devraient se désolidariser des prises de position des Comités des Pêches qui de toute évidence défendent les intérêts de ceux qui ont des choses à cacher.

En l’absence de toute la transparence requise de la part de la profession pour stopper l’hécatombe, nous incitons fortement les consommateurs à prendre leurs responsabilités pour ne pas se rendre complices de l’extermination programmée des dauphins sur nos côtes.

Pour notre part, nous sommes prêts à débattre publiquement du problème avec des responsables des Comités de Pêches. Nous nous engageons à répondre à l’ensemble de leurs critiques et entendons bien les mettre face à leurs responsabilités. L’invitation est lancée.

Lamya ESSEMLALI

Présidente Sea Shepherd France