Un label qui protège les dauphins : c’est en 1990 que le tollé provoqué par le nombre de dauphins tués dans les filets de pêche des thoniers a conduit à la création du label “Dolphin Safe”. Plus de 25 ans plus tard, des espèces non ciblées et souvent en voie d’extinction sont toujours tuées en tant que “prises accessoires” dans les filets de pêche au thon du monde entier. Au Gabon, le thon jaune est pêché dans une mer riche en dauphins, tortues, raies et requins. Ici, les prises accessoires sont courantes, rarement évitées et souvent non déclarées par les thoniers.

Une espèce menacée de requin-marterau prise dans le filet du thonier. Photo Tara Lambourne/Sea Shepherd

Cet été, pendant une inspection de routine à bord du bateau de pêche Montecelo, les agents de surveillance des pêches gabonais, assistés par la Marine Gabonaise et Sea Shepherd, ont découvert que ce navire battant pavillon salvadorien ne déclarait systématiquement pas les prises accessoires. La non-déclaration des captures accidentelles est une violation de la législation gabonaise, car le suivi des volumes des prises accessoires est une composante déterminante de la mesure de l’impact environnemental total d’une pêcherie.

Les agents gabonais des pêches ont pu observer qu’une tortue marine, un grand requin-marteau, un requin bleu et sept requins soyeux étaient chargés à bord du senneur en même temps que l’espèce cible, le thon. Au moment du rejet en mer, tous les requins paraissaient morts, y compris le requin-marteau et les requins soyeux, des espèces menacées.

Le 9 août, le navire Bob Barker de Sea Shepherd est resté près du Montecelo et a pu documenter six rejets en mer de requins, écartés comme prises accessoires.

Le F/V Montecelo et le Bob Barker de Sea Shepherd dans les eaux Gabonaises. Photo Tara Lambourne/Sea Shepherd

Montés à bord du Montecelo deux jours plus tard, les agents ont constaté que deux requins-marteau pris ce jour-là ainsi que six requins pêchés le jour précédent n’avaient pas été documentés comme l’exige la loi. Suite à ce constat, une procédure d’infraction a été lancée contre le Montecelo, avec pour conséquences : une amende, la suspension de la licence de pêche en cours et/ou le non-renouvellement de la licence de pêche pour l’année suivante.

Interrogé, le capitaine du Montecelo a expliqué que ces prises accessoires n’avaient pas été déclarées parce qu’il était “trop occupé”, qu’il ne “savait pas que c’était obligatoire” et que de toute manière il était “incapable d’identifier les espèces”.

Le filet est hissé sur le pont du F/V Montecelo. Photo Tara Lambourne/Sea Shepherd

Cette découverte de Sea Shepherd à bord du Montecelo fait partie d’un problème bien plus grand, dévoilé par l’Opération Albacore : la non-déclaration et la sous-déclaration (ne sont déclarés qu’un tiers voire seulement un quart) des prises accessoires des thoniers opérant en eaux gabonaises.

Le Bob Barker patrouille dans la région depuis le mois de mai dans le cadre de l’Opération Albacore, une campagne qui vise à lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) sous la direction du gouvernement du Gabon. En fournissant suivi et documentation, Sea Shepherd assiste les autorités gabonaises dans leurs efforts pour réduire la mortalité et les blessures sérieuses causées par les prises accessoires.

Le F/V Montecelo hissant son filet à bord. Photo Tara Lamboune/Sea Shepherd