En décembre dernier, notre semi-rigide, le Clémentine s’est rendu sur les zones de pêche livrées aux navires-usines géants qui opèrent régulièrement en Manche afin de rapporter des images de ces monstres d’acier aux capacités démesurées. Capables de capturer jusqu’à 200 tonnes de poissons par jour (soit combien d’individus ?), ces navires dont certains arborent pourtant le label de pêche durable MSC sont le symbole de la démesure et de la surpêche. En l’espace de 4 jours seulement, nos équipes ont pu filmer huit chalutiers géants (Afrika, Maartje Theadora, Zeeland, Scombrus, Dirk Dirk, Alida, Frank Bonefaas et Annie Hillina) allant de 86 à 140 mètres évoluant au nord-nord-ouest de Fécamp/Le Havre jusqu’au Nord-Est de Cherbourg.

Si plusieurs nationalités se partagent « le gâteau », les navires battant pavillon néerlandais vampirisent de plus en plus les eaux françaises. Le seul pavillon français est arboré par le Scombrus, navire de l’entreprise France Pélagique qui, comme son nom ne l’indique pas, appartient en totalité à la Holding néerlandaise Cornelis Vrolijk. Pourquoi la France accorde-t-elle à ces navires le droit de piller ainsi ses eaux territoriales ?

Dans le cadre de l’Opération Dolphin Bycatch (captures de dauphins dans le Golfe de Gascogne), la réflexion a porté notamment sur les raisons pour lesquelles les dauphins se sont rapprochés des côtes ces dernières années, y trouvant une mort tragique dans les filets de pêche des navires côtiers, certes beaucoup plus petits que les chalutiers géants, mais présents en grand nombre et avec des méthodes non sélectives.

Les hypothèses scientifiques supposent que les chalutiers géants en surpêchant les poissons-proies des dauphins au large ont poussé ces derniers à se rapprocher des côtes. Mais près des côtes, l’océan est désormais un terrain miné par la pêche non sélective. Du perdant perdant pour les dauphins que la surpêche condamne soit à mourir de faim, soit à mourir asphyxiés dans les filets de pêche.

Si les années précédentes, nous nous étions exclusivement concentrés sur les navires de pêche côtière (dont l’impact sur la vie marine était très sous-estimé), il nous apparaît juste et nécessaire de nous intéresser tout autant à une autre partie du problème, plus au large, impliquant des navires moins nombreux, mais dont l’impact sur l’océan est catastrophique.

Globalement, continuer à appliquer une logique d’exploitation industrielle de la vie marine est une hérésie. Aucune chasse à terre d’ampleur équivalente n’existe à ce jour. L’océan est pourtant un milieu vivant et la vie y est aussi fragile qu’elle est nécessaire à notre propre survie, à notre climat et à l’air que nous respirons.

L’Opération Ocean Killers vise à braquer les projecteurs sur les navires-usines géants qui pillent l’océan, s’octroyant la majorité des quotas et des subventions publiques. Un scandale environnemental, économique et sociétal.

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