Les forces de l’ordre tanzaniennes, Fish-i-Africa et l’équipage de Sea Shepherd ont patrouillé durant six mois à bord de leur navire, l’Ocean Warrior. Une coalition qui a permis de mettre à mal la pêche illégale dans les eaux tanzaniennes. L’Opération Jodari, la première campagne menée par ce partenariat unique entre des organisations civiles et un gouvernement, a conduit à l’arrestation de deux palangriers pour pêche illégale d’ailerons de requin et de vingt-sept boutres pour contrebande, ainsi qu’à la condamnation de dix-neuf navires à une amende pour avoir fui les eaux territoriales tanzaniennes afin d’éviter les arraisonnements et les inspections. Les patrouilles reprendront après un arrêt planifié pour la maintenance et les réparations de l’Ocean Warrior.[su_image_carousel source=”media: 1090,1091,1089,1092,1093″]

Les six mois de patrouilles chapeautées par un gouvernement tanzanien impliqué dans la lutte contre les crimes de pêche ont porté leurs fruits : les braconniers ont définitivement mis les voiles. Cette victoire montre l’importance de former de nouveaux partenariats dans la région de l’océan Indien occidental, tout en continuant à travailler à l’unisson avec les autorités tanzaniennes qui constituent un exemple dans la lutte contre la pêche illégale, aussi bien localement que mondialement. La Tanzanie a montré la voie au monde entier“, a déclaré le directeur de campagnes de Seai Shepherdi Global, Peter Hammarstedt.

Deux palangriers arrêtés pour pêche illégale d’ailerons de requin

Des patrouilles dans la zone économique exclusive (ZEE) tanzanienne, auparavant en dehors de la juridiction des autorités de pêche, ont conduit à l’arrestation de deux navires de pêche battant pavillon étranger pour pêche illégale d’ailerons de requin. À bord de l’un des navires, le Buah Naga 1, les forces de l’ordre tanzaniennes ont découvert une arme à feu non déclarée dont le capitaine se servait pour menacer son équipage. À l’heure actuelle, le capitaine, l’armateur et l’agent maritime du Buah Naga 1 sont toujours en détention et font l’objet d’accusations criminelles.

Dix-neuf navires de pêche condamnés à une amende pour s’être soustraits à la justice

Depuis l’arraisonnement de deux navires de pêche et la condamnation à une amende de 19 milliards de shillings tanzaniens (6 865 160 euros) de dix-neuf autres navires qui avaient fui la Tanzanie pour éviter les inspections post-pêche obligatoires, on n’a observé pratiquement aucune activité de pêche dans les eaux tanzaniennes.

L’équipe d’intervention multi-agences (la MATT, Multi-Agency Task Team), dirigée par le service de police de la Tanzanie (Tanzania Police Force), comprend les services forestiers tanzaniens (TFS), la Division de la faune sauvage, la Division des pêches, ainsi que les services de renseignement et de sécurité tanzaniens. Celle-ci estime que ces 19 navires en règle ont fui le pays parce qu’ils transportaient des cargaisons illégales d’ailerons de requin, alors qu’ils ne possédaient qu’une licence pour pêcher le thon.

Vingt-sept boutres arrêtés pour contrebande

Depuis le début de l’Opération Jodari, l’Ocean Warrior a également surveillé les routes les plus fréquentées par les contrebandiers entre l’île de Zanzibar et la partie continentale de la Tanzanie.

Vingt-sept boutres – ces bateaux de marchandise traditionnels qui commercent habituellement dans l’océan Indien – ont été arrêtés pour avoir fait passer des chargements illégaux de bois de mangrove destinés à être vendus sur le marché noir et pour la traite de personnes, entre autres accusations.

La loi tanzanienne protège strictement les marais à mangroves, car ce sont des habitats essentiels pour de nombreuses espèces de mollusques et de poissons qui y fraient et s’y nourrissent. Ces milieux sont donc également importants pour l’économie des communautés locales, en particulier les pêcheurs artisanaux.

Malgré les efforts assidus du gouvernement tanzanien pour protéger ces marais à mangroves, l’exploitation abusive de certaines zones a rendu la régénération naturelle impossible sans l’intervention des services de l’État. Le démantèlement des opérations de contrebande de bois en mer représente une part importante de cette intervention humaine et a permis de fournir des renseignements pouvant être utilisés par les autorités pour entreprendre des opérations à terre contre le commerce très lucratif de la contrebande du bois de mangrove.

Opération Jodari

L’Opération Jodari vise à contrôler toutes les activités des navires évoluant dans les eaux tanzaniennes, en arraisonnant ceux suspectés de pêche INN et en formant les agents tanzaniens au suivi, au contrôle et à la surveillance (MCS) de la pêche dans les eaux territoriales, notamment l’inspection des bateaux et les procédures d’abordages.

À bord de l’Ocean Warrior de Sea Shepherd, les forces de l’ordre, les autorités tanzaniennes de pêche hauturière, la marine tanzanienne, l’agence tanzanienne pour le contrôle des stupéfiants et une équipe d’intervention multi-agences (la MATT) travaillent aux côtés du capitaine Adam Meyerson et de l’équipage de Sea Shepherd pour surveiller les eaux territoriales de Tanzanie. Les représentants de la loi ont le droit d’aborder, d’inspecter et d’arrêter les navires qui violent la loi tanzanienne. L’équipe d’intervention multi-agence (la MATT), dirigée par le service de police de la Tanzanie (Tanzania Police Force), comprend les services forestiers tanzaniens (TFS), la Division de la faune sauvage, la Division des pêches, ainsi que les services de renseignement et de sécurité tanzaniens. Sa mission consiste à surveiller les individus et les réseaux à la tête de la criminalité environnementale et du commerce illégal d’espèces sauvages.

On estime qu’entre 11 et 26 millions de tonnes de poissons sont capturés annuellement à travers le monde par la pêche INN. Les pays en développement sont particulièrement vulnérables ce type de pêche, au profit de laquelle la région de l’océan Indien occidental perd chaque année environ 1 milliard de dollars.

Il est également important de mentionner le soutien de Fish-i-Africa dans l’Opération Jodari. En effet, ce partenariat entre huit pays d’Afrique de l’Est (dont les Comores, le Kenya, Madagascar, la République de Maurice, le Mozambique, les Seychelles et la Somalie) favorise l’échange d’informations et la coopération régionale pour lutter contre la pêche illégale de grande envergure dans l’océan Indien occidental.