Sea Shepherd est de retour en Méditerranée pour défendre cette mer surexploitée, en exposant la plus importante source de pollution plastique : le matériel de pêche illégal. Cette mission a été menée avec le soutien du Fonds de préservation des îles Éoliennes et de Smile Wave, et en collaboration avec les pêcheurs artisanaux des îles de Lipari et de Salina.

Sea Shepherd en partenariat avec les autorités pour retirer le matériel de pêche illégal des eaux  italiennes. Photo de Sea Shepherd
Sea Shepherd en partenariat avec les autorités pour retirer le matériel de pêche illégal des eaux italiennes. Photo de Sea Shepherd

Sea Shepherd se bat contre la pollution plastique causée par le matériel de pêche illégal, qui constitue depuis longtemps la plus importante cause de pollution plastique responsable de la destruction du fond marin de la Méditerranée, de son écosystème et de ses récifs coralliens. Par ailleurs, les millions de bouteilles et de bidons en plastique abandonnés dans la mer représentent une source constante de pollution et le produit de leur dégradation libère d’énormes quantités de microplastiques. Une fois leur ancre rompue, les dispositifs de concentration de poissons (DCP) se transforment en pièges mortels constitués de filets dérivants qui s’emmêlent autour des oiseaux marins, des tortues marines, des baleines et des poissons, et les tuent.

Le nombre estimé de DCP illégaux dépasse l’imagination :

  • 10 000 DCP illégaux dans la mer Tyrrhénienne méridionale, composés d’environ 20 000 kilomètres de cordages en polypropylène et de centaines de bouteilles et de bidons en plastique ;
  • selon un article scientifique publié dans le Journal of Environmental Management compilant des travaux de recherche menés en Sicile, à Malte et en Tunisie entre 1961 et 2017, 1,6 million de DCP et 5,4 millions de bouteilles et de bidons en plastique ont été déversés dans la Méditerranée (référence) ;
  • la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) tue des millions d’espèces de façon illégale, tout en enrichissant les criminels et en mettant en péril la pêche artisanale légale.

L’Opération Siso 2019 est une campagne menée en partenariat avec les autorités italiennes avec l’appui de deux navires Sea Shepherd – opérant en secret à l’origine – un catamaran d’environ 10 mètres et un bateau semi-rigide, The Hunter.

La campagne a été menée avec le soutien des pêcheurs artisanaux des îles de Lipari et de Salina qui ont apporté leur contribution en livrant des informations à Sea Shepherd sur les zones les plus affectées par la surpêche, en partageant leurs connaissances sur la défense du milieu marin, et en se joignant à la lutte contre le braconnage en signalant la position de DCP illégaux. La campagne a également reçu le soutien du chef d’orchestre italien Roberto Soldatini, qui a rejoint les rangs de Sea Shepherd pour défendre la Méditerranée à bord de son propre voilier.

Après avoir quitté Portorosa, en Sicile, l’équipe a patrouillé dans des eaux connues pour regorger de DCP illégaux. Les navires étaient équipés de systèmes de treuil spécialement conçus pour hisser à bord les différentes parties qui composent les DCP ancrés en profondeur, et récupérer l’intégralité des cordages en polypropylène et des bidons en plastique qui dérivent dans la mer.

L’action directe visant à remonter les premiers DCP a débuté le 12 octobre à 9 heures 15, en accord avec la police financière et les garde-côtes italiens. Des dizaines de DCP illégaux repérés et localisés par GPS ont été récupérés les jours suivants, démantelant ainsi ce système de pêche illégale qui piège et tue irrémédiablement la faune marine, telle que les tortues ou les baleines.

Grâce à un travail sans relâche au cours des semaines suivantes, 77 DCP illégaux constitués de 150 kilomètres de cordages en polypropylène et de centaines de bidons contenant des résidus dangereux et hautement polluants ont été récupérés, confisqués et remis aux garde-côtes de Lipari.

Nous gagnerons ensemble,” déclare Andrea Morello, responsable de la campagne de l’Opération Siso. “Le problème des DCP illégaux s’est révélé dans toute son ampleur apocalyptique. Seuls, nous ne pourrions pas faire face à ce nombre, même avec 100 navires. Mais nous gagnerons grâce à notre partenariat avec les autorités locales, telles que la police financière et les garde-côtes, ainsi qu’avec les plaisanciers qui naviguent en Méditerranée et les flottes de pêcheurs artisanaux originaires de n’importe quel île, village ou pays qui signaleront ces activités illégales. Ensemble, forts du soutien de nos donateurs et de nos fondations, tels que le Fonds de préservation des îles Éoliennes et Smile Wave, nous ramènerons la loi et la justice et sauverons des millions de vies.

DCP illégaux en train d'être retirés de la Méditerranée. Photo de Sea Shepherd
DCP illégaux en train d’être retirés de la Méditerranée. Photo de Sea Shepherd

L’océan fournit 70 % de l’oxygène de la planète, poursuit-il. Toute personne naviguant en Méditerranée devra choisir de mettre un terme aux activités illégales, de protéger activement la mer comme l’a fait Roberto avec son voilier, de changer le destin de la mer la plus exploitée au monde. Selon les données des Nations Unies publiées dans le rapport Sofia, 62 % de ses stocks de poissons sont déjà épuisés. Pour protéger la Méditerranée contre la pêche INN et les DCP illégaux, nous avons besoin de l’aide de tout le monde, ainsi que de dons pour pouvoir dédier en permanence un navire à la protection de notre mer. Nous réunirons la plus grande flotte privée de la Terre et prendrons la mer pour défendre « nos clients » : l’ensemble des espèces peuplant l’océan.

Les équipes de Sea Shepherd agissent en partenariat avec les autorités pour retirer le matériel de pêche illégal des eaux  italiennes. Photo de Sea Shepherd
Les équipes de Sea Shepherd agissent en partenariat avec les autorités pour retirer le matériel de pêche illégal des eaux italiennes. Photo de Sea Shepherd

À propos des DCP :

Le matériel de pêche artisanal connu à travers le monde sous le nom de dispositif de concentration de poissons (DCP), localement « caponare » ou « canizzi », est illégal dans les eaux des îles Éoliennes.

Les DCP sont composés de deux parties : une partie flottante fabriquée avec des bidons en plastique et des feuilles de palmiers, et une partie ancrée, souvent constituée d’un long cordage en polypropylène arrimé à un lest en béton ou en pierre qui ancre le dispositif en profondeur dans le fond marin. La cible de ces dispositifs est principalement la dorade coryphène (« mahi mahi » aux USA, « capone » en Sicile), un poisson pélagique qui fréquente la mer Tyrrhénienne en abondance de la fin de l’été au début de l’hiver.

Le plan local de gestion de la pêche de l’archipel éolien fixe les règles d’utilisation des « cannizzi » : « des zones spécifiques seront localisées pour l’ancrage des cannizzi et leur nombre (20 maximum), leur localisation et leur positionnement seront programmés. Ils sont attribués de façon informelle aux pêcheurs et marqués de façon à être identifiables. Pour se préparer à la migration précoce de la dorade coryphène qui a eu lieu au cours des dernières années, le positionnement des cannizzi peut démarrer à partir du 15 septembre, et les captures sont autorisées à partir du 30 septembre ». Les DCP non identifiés, non biodégradables et non traçables, sont considérés comme du matériel de pêche INN.