Communiqué de presse / 18 mai 2022


Cette affaire est un cas d’école pour illustrer le non-sens écologique scandaleux largement répandu dans ce pays et qui consiste par exemple à autoriser la poursuite de la pêche d’espèces menacées, y compris en pleines zones protégées.

La pêche des lamproies (espèce en voie d’extinction), des aloses (en voie critique d’extinction) et des saumons (Vulnérable) était jusqu’à récemment autorisée dans le fleuve de l’Adour qui prend sa source dans les Pyrénées et se jette dans l’océan Atlantique à 300 km de là. L’Adour est un des rares fleuves européens qui possèdent encore des frayères à saumon, mais pour combien de temps ? En effet, des filets posés dans le fleuve, en pleine zone Natura 2000, barrent la route des espèces migratrices menacées qui arrivent de l’océan et viennent en rivière pour se reproduire, stoppant ainsi une étape cruciale du cycle de vie de ces espèces.

Face à ce scandale écologique unique en Europe (pêche ciblée d’espèces menacées en pleine zone Natura 2000), Sea Shepherd, Défense des milieux aquatiques et une quinzaine d’autres associations ont engagé de nombreux recours et sont enfin parvenus à obtenir du Tribunal administratif l’interdiction de la pêche.

Une décision de Justice interdisant la pêche a été rendue une première fois le 9 juillet 2021 suite à notre recours. Face au refus persistant du Préfet des Landes et des Pyrénées Atlantiques, d’appliquer les décisions de justice, nous avons donc de nouveau saisi le juge.

Pêcheur sur l'Adour

Cette interdiction vient d’être confirmée le 22 avril 2022 date de l’ordonnance rendue par le Tribunal administratif de Pau. Interdiction, une nouvelle fois bafouée, en pleine période de migration.

Le juge a retenu une violation du principe de précaution qui relève du bon sens et revêt une valeur constitutionnelle du fait de l’existence d’un risque de dommage grave et irréversible sur l’environnement. De plus, en toute logique, l’État a l’obligation de réaliser une évaluation des incidences de la pêche sur la préservation des espèces, chose qu’il n’a pas faite comme cela le lui a été reproché par le Tribunal.

Plus globalement, l’État et les pêcheurs concernés par cette interdiction refusent de stopper la pêche, malgré le caractère immédiatement exécutoire de la décision de Justice et les indemnisations prévues. Ce refus constitue une véritable négation de la protection des espèces, des écosystèmes et une violation des droits à un recours effectif pourtant garantie par la Constitution et la Cour européenne des droits de l’homme. Cette attitude « voyou » de l’État qui est pourtant garant du respect de la loi, entretient un sentiment d’impunité totale et décomplexée chez tous ceux qui portent illégalement atteinte à la biodiversité.

Filet sur l'Adour

Comble du scandale, Barbara Pompili, Ministre de la Transition Écologique a engagé l’argent public pour former un recours en cassation devant le Conseil d’État le 5 Avril 2022 afin de tenter de faire annuler l’interdiction de la pêche des lamproies des aloses, espèces pour rappel, en danger d’extinction et en danger critique d’extinction. Une aberration pour un Ministère censé être un garde-fou en matière de biodiversité.

Poissons sur une étale de poissonier

Le motif de cet acharnement ne peut qu’être financier. Le prix du saumon …. 169 € le kilo un 7 mai 2022
Nous ne comptons pas en rester là et nous mettrons tout en œuvre pour que les jugements rendus soient strictement respectés.