Dans un récent communiqué de presse, le CNPMEM annonce des chiffres prétendument encourageants concernant les échouages de dauphins l’hiver dernier dans le Golfe de Gascogne. Faisant état d’une ”baisse de plus de 30% des échouages de dauphins par rapport à la moyenne des 4 années précédentes”, le CNPMEM met ces chiffres en corrélation avec “une intensification du programme d’action pour comprendre et lutter contre ces captures” ainsi que des protocoles mis en place avec la Ministre de la Mer.
Si une baisse des échouages l’hiver dernier est avérée, Sea Shepherd réfute toute corrélation avec les mesures mises en place par le CNPMEM et le Ministère de la Mer pour les raisons suivantes :
– Le nombre d’échouages dépend surtout des conditions météorologiques
Les conditions météorologiques de l’hiver 2020/21 n’ont pas été propices aux échouages. Les vents d’ouest sont ceux qui amènent les cadavres vers la côte. Les vents d’Est les amènent vers le large. Nos équipes ont patrouillé sur les plages de Vendée plusieurs mois et ont passé plusieurs semaines d’affilée sans voir de cadavres pendant les longues de périodes de vents d’Est. “Plusieurs dizaines de cadavres se retrouvaient sur les plages parfois sur un seul week-end dès le retour des vents d’Ouest” déclare Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France. “Dans ces conditions, une baisse des échouages ne permet absolument pas de conclure qu’il y a eu une baisse des captures en mer, cela signifie juste que beaucoup de cadavres ont dérivé vers le large”.
Le Comité des Pêches confirme lui-même que l’hiver dernier n’était pas propice aux échouages : “Cette année, 57 bagues ont été posées sur des captures accidentelles, et 10 ont été retrouvées sur les plages du golfe de Gascogne (…). En 2020, la moitié des bagues posées avaient été retrouvées.”
– Aucune mesure effective de réduction immédiate des captures n’a été prise
Malgré une mise en demeure de la France par la Commission Européenne et une condamnation du Tribunal Administratif de l’Etat pour carence sur la question des captures de dauphins, la Ministre de la Mer Madame Annick Girardin a refusé de suivre les recommandations scientifiques qui demandent des fermetures spatio-temporelles des pêcheries à risques, seule mesure qui aurait permis une diminution immédiate et avérée des captures.
– Des déclarations de captures obligatoires mais toujours quasi inexistantes
Le CNPMEM fait état de 84 déclarations de captures (sur un potentiel de plusieurs milliers). Ce chiffre déjà extrêmement bas doit encore être mis en perspective avec les 35 captures observées – et donc forcément déclarées. Le secteur est encore bien loin d’avoir “pris le problème à bras le corps” comme l’affirme Jean Luc Hall, DG du CNPMEM.
– Les pingers ne peuvent pas expliquer une baisse des captures
Pour rappel les pingers sont uniquement installés sur les chalutiers pélagiques soit 80 navires de pêche (sur les centaines qui capturent potentiellement des dauphins dans le Golfe de Gascogne). Les chalutiers représentent une minorité des captures (faites pour l’essentiel par des fileyeurs) et chaque année, les équipes de Sea Shepherd filment des chalutiers équipés de pingers avec des dauphins dans leur chalut…
Enfin, ne perdons pas de vue que même si les conditions météorologiques avaient été propices aux échouages et que des mesures concrètes avaient effectivement été prises, une baisse de 30% des captures correspond tout de même à un taux d’échouage intenable pour l’espèce et à un niveau équivalent à la sonnette d’alarme tirée par l’Observatoire Pélagis en 2017.
“Le Comité National des Pêches a raison sur une chose : les professionnels de la mer ne peuvent se satisfaire ou se gratifier de ces chiffres – qui n’ont rien d’encourageant” conclut Lamya Essemlali