Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France répond à Pierre-Georges Dachicourt, président du collectif anti-phoques, interviewé par Radio 6 (bande son en fin d’article).

PGD : « Déjà Sea Shepherd, il ferait mieux de s’occuper de ses propres affaires et puis qu’on sache de où vient son argent, ce qui serait… bien. »

LE : « Sea Shepherd » = « Berger de la mer ». Le nom même de Sea Shepherd a été inspiré par sa toute première mission en 1977… pour la défense des phoques tués au Canada par des pêcheurs qui comme vous, les accusaient de manger trop de poissons… Retour aux sources donc pour nous, nous accuser d’être hors sujet, c’est vraiment mal nous connaître. Quant à notre argent, c’est assez simple de le vérifier, il vient de monsieur et madame tout le monde, des citoyens qui croient en nos actions et veulent les soutenir. Nos donateurs sont garants de notre force et de notre liberté de parole et d’action. Pas de levier à activer donc du côté subventions d’État pour nous faire taire, comme c’est devenu à la mode dans votre région. Dommage.

PGD : « C’est trop facile de jeter opprobre sur les autres sans savoir vraiment le pourquoi des choses, puis l’argent, ça serait bien aussi qu’ils pensent aux malheureux qui crèvent de faim plutôt que de s’occuper des animaux. Faut replacer toute chose à sa place, c’est à dire l’être humain avant… « 

LE : Le pourquoi du comment, on l’a bien compris puisqu’on sait comment fonctionne l’écosystème marin (dire qu’il y a trop de prédateurs est un non-sens écologique qui démontre une profonde méconnaissance du milieu marin) mais aussi parce qu’on connaît bien ce discours cupide qui fait des phoques les boucs émissaires de la raréfaction des poissons, alors même que notre propre appétit pour les animaux marins ne fait que croître. Les pêcheurs au Japon, utilisent le même argument pour tuer les dauphins qu’ils accusent d’être trop gourmands en poissons. Un comble quand on considère que les phoques et les dauphins font partie intégrante de l’écosystème marin depuis des millions d’années et qu’ils contribuent à son équilibre, contrairement au pêcheur moderne qui pille et détruit la mer depuis quelques décennies. Quant à notre argent, il sert à défendre l’océan et donc la survie des générations futures, celles-là mêmes dont la pêche industrielle est en train d’hypothéquer le futur. Je ne doute pas que Monsieur Dachicourt lui-même, ne manque pas de générosité pour « ceux qui crèvent de faim » mais en défendant la vie marine, nous défendons le plus grand nombre d’entre nous. L’écologie est la plus grande cause humanitaire.

PGD : « Par contre je condamne absolument tout ce qui a pu se passer au niveau des phoques, c’est scandaleux et je suis certain que ça n’est certainement pas quelqu’un de l’association qui a pu faire ça et moi, bec et ongles, je défendrai toujours le fait qu’on a jamais dit qu’on voulait éradiquer les phoques mais on a bien dit qu’on voulait une gestion rationnelle comme les sangliers, comme les cerfs dans les..machins.. donc voilà… maintenant… on peut condamner les autres actes »

LE : Vous condamnez donc le fait que des phoques aient pu être tirés mais vous militez pour que cela devienne légal et régulier. Concept intéressant. Vous ne souhaitez pas « éradiquer » les phoques mais vous les estimez trop nombreux alors qu’ils ne mangent qu’une portion infime de ce que prennent les bateaux de pêche de votre région. Pour rappel, 1500 tonnes de poissons par an pour toute la population de phoques quand le seul port de Boulogne sur Mer en débarque 32 000 tonnes. Si « gestion rationnelle » il doit y avoir, c’est une gestion des bateaux de pêche, pas des phoques. Votre comparaison avec les sangliers et les cerfs est absurde. On ne compare pas des prédateurs, des carnassiers à des herbivores. Les phoques sont au sommet de la chaîne alimentaire et sont les premiers à être régulés par le milieu, ils n’ont pas besoin de vous. Ils sont aussi, en tant que prédateurs, garants de la biodiversité aux étages en dessous, ils sont une chance pour l’écosystème.

PGD : « La position du collectif elle est claire, c’est que d’abord on aurait bien aimé être associés à cette étude phoques et puis d’un autre côté, il n’est pas question d’éradiquer ces bêtes. Elles sont là, elles sont là, mais de réguler la population qui risquera un jour peut-être de s’empoisonner entre elles, puisque c’est déjà arrivé. Y a très longtemps au Danemark où y a eu des colonies de milliers et des milliers de bêtes qui sont mortes à cause de ça… Voilà quoi, j’veux dire si on régule pas on va avoir un problème »

LE : L’étude « Ecophoques » est une étude scientifique, pas une bataille d’opinions. Associer à cette étude un collectif qui de toute évidence n’a rien compris à la façon dont fonctionne le milieu marin lui aurait enlevé toute crédibilité et valeur scientifique. Merci à Monsieur Dachicourt de s’inquiéter pour la santé des phoques et d’envisager une hypothétique épidémie qui justifierait donc qu’on les abatte pour leur bien. Une sorte de principe de précaution poussé à l’extrême. Heureusement qu’on n’applique pas cette logique aux humains à chaque retour de grippe…

PGD : « L’autre problème, c’est que je trouve que les phoques, c’est une chose exceptionnelle sur le tourisme mais en baie d’Authie, ça fait 15 personnes qu’on sort en 2 mois de la baie, entourées par l’eau pour aller voir les phoques donc il va commencer à y avoir un problème de sécurité au niveau des gens qui viennent voir ces bêtes. »

LE : La baie d’Authie est connue pour être dangereuse du fait des grandes marées, nombre de personnes se font piéger en voulant admirer le spectacle. Si on commence à tuer les phoques au prétexte qu’ils constituent une tentation supplémentaire de prendre des risques, pourquoi ne pas pousser la logique au bout et goudronner la baie ? Voilà qui résoudrait définitivement le problème de sécurité.

Lien vers l’interview de Pierre-Georges Dachicourt Radio 6 le 23 mai : https://www.radio6.fr/article-34323-phoques-mutiles-le-collectif-anti-phoques-denonce-des-actes-de-barbarie-et-rejette-les-accusations-de-sea-sheperd.html