Une opération conjointe entre les autorités locales et les défenseurs de la mer a permis une descente sur une opération de shark finning (découpe d’ailerons de requins) par un navire de pêche européen au large des côtes d’Afrique Centrale.[su_image_carousel source=”media: 1267,1271,1274,1275,1268,1269,1270,1276,1272,1273″]

Le 22 septembre, au cours d’une intervention baptisée Opération Albacore III, les autorités de São Tomé et Príncipe, un Etat insulaire d’Afrique centrale, ont abordé le palangrier Vema, battant pavillon sénégalais mais rattaché à l’Espagne, avec le concours de Sea Shepherd et des forces de l’ordre gabonaises.

Ce palangrier disposait d’une licence pour la pêche au “thon et espèces similaires”, mais les inspections menées par les autorités de São Tomé embarquées sur le navire Bob Barker de Sea Shepherd ont mis au jour des cales remplies exclusivement de requins, principalement des Requins bleus, espèce classée comme “quasi menacée” par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Les lignes secondaires des palangres, ces câbles qui supportent les hameçons, étaient renforcées de fil d’acier. Cet élément laisse supposer que les espèces ciblées par le Vema étaient principalement des requins et non pas des thons. Les bas de lignes en acier sont faites pour résister aux mâchoires des requins, les empêchant ainsi de s’échapper.

Les poissons trouvés à bord étaient éviscérés et préparés ce qui, sans délivrance d’une autorisation préalable, constitue une infraction aux lois sur la pêche de São Tomé. Le Vema ne l’avait pas obtenue.

Environ deux tonnes de requins, dont des ailerons séparés des corps, ont été découverts par les inspecteurs, soit une fraction de ce qu’ils auraient pu découvrir si le Vema n’avait pas fait escale précédemment à Walvis Bay (en Namibie), un port souvent utilisé pour décharger les ailerons de requins.

L’arrestation du Vema est le quatrième coup de filet dans le trafic d’ailerons en deux ans, les trois autres étant le résultat d’opérations conjointes entre São Tomé et Príncipe et le Gabon avec l’assistance des bateaux et des équipages de Sea Shepherd.

En août 2016, les autorités de São Tomé, qui intervenaient déjà à bord du Bob Barker, ont arrêté un palangrier espagnol, le Alemar Primero. A son bord, 87 tonnes, de requins et d’ailerons de requin. La direction générale des Affaires maritimes et de la pêche (DG Mare) de l’UE a décidé de ne pas engager de poursuites pour violation de l’interdiction européenne de pêche aux ailerons, et ce malgré des plaintes déposées par le ministère de la pêche de São Tomé.

En octobre 2017, le ministère de la pêche de São Tomé a publié une notice d’infraction aux règles de pêche à l’encontre d’un autre armateur de bateau espagnol, ainsi qu’à la Commission européenne pour enquêter sur une autre infraction à l’interdiction européenne de pêche aux ailerons, cette fois commise par un palangrier espagnol, le Baz.

Le 12 septembre 2018, soit une semaine avant l’arrivée du Bob Barker dans les eaux de São Tomé-et-Príncipe, les garde-côtes santoméens, aidés par la marine portugaise, ont arrêté un navire taïwanais, le Shang Fu.

Les espèces de requins sont particulièrement vulnérables à la surpêche car leur croissance est lente, leur maturité tardive et elles n’engendrent qu’un faible nombre de petits.

Les lois sur les pêches de São Tomé qui interdisent le traitement des requins en mer et l’interdiction européenne de pêche aux ailerons sont des mesures de conservation qui garantissent que les corps des requins ne sont pas rejetés en mer pour faire place à davantage d’ailerons, de plus grande valeur commerciale. De plus en plus de requins sont tués pour satisfaire la demande d’ailerons, essentiellement destinés à finir en soupe.

Les patrouilles en mer, fruit d’une étroite collaboration entre Sea Shepherd et les autorités des États côtiers africains, permettent d’intervenir sur des opérations de pêche aux ailerons en abordant et en inspectant les navires.

Etant donné la sensibilité des espèces de requins à la surpêche, sachant qu’en plus 15% des espèces de requins dans l’Atlantique sont désormais en danger, il est inquiétant que des bateaux de pêche industrielle, dont beaucoup viennent d’Europe, continuent de massacrer les requins sous couvert de licence de pêche au thon“, dénonce Peter Hammarstedt, Directeur des campagnes de Sea Shepherd. “Ces licences de pêche aux airs de chevaux de Troie induisent volontairement en erreur les pays côtiers d’Afrique car les bateaux de pêche massacrent les requins sans retenue. Sea Shepherd félicite les autorités de São Tomé et Príncipe pour leur collaboration avec le Gabon et Sea Shepherd afin d’amener les braconniers de la faune marine africaine devant la justice.