Florindo González Corral, le magnat espagnol de la pêche et propriétaire du F/V Thunder, naguère le plus fameux navire braconnier au monde, a été condamné à payer une amende de 8,2 millions d’euros dans un procès civil intenté par le gouvernement espagnol.

Le Thunder était un navire de pêche recherché par INTERPOL pour avoir pratiqué illégalement cette activité depuis plus de 10 ans dans l’océan Austral, avant que son capitaine ne saborde le navire dans le golfe de Guinée, au terme d’une course-poursuite de 110 jours menée par Sea Shepherd.

Le capitaine et deux membres de son équipage, qui avaient été secourus par Sea Shepherd, ont été condamnés en 2015 à trois ans de prison et à 15 millions d’euros d’amende par un tribunal de l’État insulaire de São Tomé-et-Principe.

Le propriétaire resta cependant hors d’atteinte des tribunaux jusqu’à présent, caché derrière des sociétés-écrans immatriculées dans des paradis fiscaux. Mais l’ensemble des preuves saisies par l’équipage de Sea Shepherd sur le navire qui a coulé, les enquêtes journalistiques de Kjetil Saeter et de Eskil Engdal du Norwegian Business Daily, et les perquisitions de propriétés appartenant à des syndicats de pêcheurs galiciens effectuées par des agents des forces de l’ordre du ministère espagnol de l’agriculture et de la pêche, de l’alimentation et de l’environnement (MAPAMA), de la Guardia Civil (Police fédérale espagnole) et d’INTERPOL, ont mis au jour des preuves irréfutables reliant González Corral au Thunder.

En plus des amendes réparties entre trois compagnies et huit personnes liées au Thunder, l’affaire civile s’est soldée par une interdiction de pêcher et de recevoir des subventions de pêche du gouvernement pendant 12 ans.

Le naufrage du F/V Thunder par Simon Ager/Sea ShepherdLe naufrage du F/V Thunder par Simon Ager/Sea Shepherd

Ces amendes infligées presque trois ans après le naufrage du Thunder témoignent des efforts continus déployés par le MAPAMA pour traduire en justice les propriétaires et exploitants de navires braconniers engagés dans la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).

Les opérations de police du MAPAMA, baptisées Opération Sparrow en référence au personnage que Johnny Depp incarne dans le film « Pirates des Caraïbes », ciblaient auparavant d’autres opérateurs espagnols impliqués dans la pêche INN de légine et ont condamné Vidal Armadores, une organisation de braconniers de légine, à plus de 17,8 millions d’euros d’amende.

En plus de cela, des poursuites pénales de blanchiment d’argent et autres actes criminels ont été engagées contre Vidal Armadores par la Guardia Civil, mais la Cour suprême espagnole n’était pas compétente dans l’affaire, d’après un juge dissident.

« Le MAPAMA et la Guardia Civil ont contribué à changer l’image de l’Espagne à l’international, celle d’un refuge pour les pêcheurs pirates. Les amendes infligées au Thunder constituent une déclaration solide de la part des autorités espagnoles que la répression contre les braconniers de légine se poursuit. Sea Shepherd salue le travail de MAPAMA, de la Guardia Civil et d’INTERPOL, qui ont continué à traquer le propriétaire du Thunder sur terre longtemps après notre poursuite du navire », a déclaré le Capitaine Peter Hammarstedt, directeur des campagnes de Sea Shepherd, qui a pourchassé Le Thunder pendant 110 jours à travers trois océans.

« Cependant, Le Thunder a réalisé un bénéfice de 50 millions d’euros au cours de son activité de braconnage de légine, un chiffre à peine altéré par une amende de 8,2 millions d’euros. Sea Shepherd aimerait voir le propriétaire du Thunder rejoindre son capitaine en purgeant une peine de prison et espère par conséquent que ces amendes administratives seront suivies d’accusations criminelles », a conclu le capitaine Hammarstedt.