3.1 milliards pour mettre à mal les habitats marins et la biodiversité marine au prétexte de lutter contre le réchauffement climatique : on vous en dit plus sur l’interconnexion sous-marine France Espagne par le golfe de Gascogne, ce projet insensé porté par RTE, soutenu par l’administration et cautionné par la Surfrider Foundation
AVIS DÉFAVORABLE DU CONSEIL NATIONAL DE LA PROTECTION DE LA NATURE (CNPN)
Dans sa conclusion, le CNPN émet un avis défavorable à ce projet de liaison électrique pour de nombreux motifs rappelés ici dans les grandes lignes :
Une incompréhension vis à vis du tracé qui ne répond pas à l‘absence de solutions alternatives satisfaisantes
Des déficits en matière d’état initial, notamment en milieu marin
Une sous-évaluation globale des enjeux, des impacts bruts et des impacts résiduels en milieu terrestre
Une omission surprenante des impacts en milieu marin et une quasi-absence de mise en œuvre de la séquence ERC. (Séquence « éviter, réduire, compenser » qui a pour but d’éviter les atteintes à l’environnement)
Des mesures de réduction et de compensation très insuffisantes qui ne permettent pas de répondre à l’objectif d’absence de perte nette de biodiversité.
DÉNI DE DEMOCRATIE : MALGRÉ L’OPPOSITION CROISSANTE ET MASSIVE DU GRAND PUBLIC, L’ADMINISTRATION* DÉLIVRE LES AUTORISATIONS NÉCÉSSAIRES À RTE
Pour rappel, dès la première consultation du public en décembre 2022, la commission d’enquête constate que le public s’oppose massivement au projet. Ce dernier est jugé inadapté et/ou inutile.
Ne pas en tenir compte est un déni de démocratie et un non-respect de l’article 6 § 8 de la convention d’Aarhus*, un accord international visant la démocratie environnementale.
*« article 6 §8 de la convention d’Aarhus : « chaque partie veille à ce que, au moment de prendre la décision, les résultats de la procédure de participation du public soient dument pris en considération
VIOLATION DU PRINCIPE DE PRÉCAUTION, REFUS DE SE JUSTIFIER SUR LE CHOIX DE CE TRACÉ SOUS-MARIN, QUID DES ETUDES D’IMPACTS, MANIPULATION ET MANQUE DE TRANSPARENCE : LA RESPONSABILITÉ DE RTE
“Le principe de précaution, selon lequel l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement à un coût économiquement acceptable”
CODE DE L’ENVIRONNEMENT ARTICLE L110-1 – II.1
L’étude d’impact sur le milieu marin est très courte selon les termes de RTE elle-même. L’évaluation de l’impact sur le milieu marin est bâclée sur les poissons migrateurs, les raies et les requins alors que le projet longe la côte atlantique sur plus de 100 km. Les zones côtières sont des hot spot de biodiversité qui doivent être préservées ce que ne respecte pas ce projet d’interconnexion. On peut également s’étonner que l’étude (à consulter ici) “SYNTHÈSE DES CONNAISSANCES SUR LES IMPACTS DES CÂBLES ÉLECTRIQUES SOUS-MARINS ” produite par l’Ifremer et financée par RTE ne soit pas fournie dans son intégralité et ne soit pas mentionnée dans la bibliographie. RTE y fait mention mais très partiellement via une citation tronquée.
Avant même l’introduction, l’étude souligne pourtant la grande difficulté d’estimer le niveau d’impact d’un projet de câbles électriques sous-marin et rappelle qu’il est impossible d’évaluer le cumul d’impacts de ce dernier en lien avec les autres activités humaines alors que cela est significatif :
Pourquoi RTE refuse de se justifier sur le choix de ce tracé sous-marin ? pourquoi un tel tracé en dépit de l’existence d’une alternative terrestre le long des infrastructures autoroutières existantes ?
RTE refuse encore de se justifier sur ce choix en invoquant la prétendue validation de leur projet par les instances de l’union européenne. Or, si l’interconnexion électrique entre la France et l’Espagne est d’intérêt communautaire, la commission européenne n’a jamais validé un tel tracé sous-marin.
CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES : QUELS IMPACTS SUR LES ESPÈCES MARINES ?
Le champ magnétique créé par le courant continu qui circule dans les câbles modifie localement le champ magnétique terrestre. Plus l’intensité du courant qui circule dans les câbles est élevée, plus ce nouveau champ magnétique sera important.
« À notre connaissance, les retours d’expériences obtenus sur le terrain et ciblant le compartiment benthique ne concernent jusqu’ici que des espèces animales qui présentent un intérêt commercial. Ces connaissances sont par conséquent détaillées dans la partie suivante 8.3. Il mérite donc d’être souligné ici que nous n’avons trouvé aucune donnée expérimentale de terrain publiée (dans des journaux à comité de lecture) qui concerne la biodiversité benthique (animale, végétale ou microbienne) que l’on pourrait qualifier d’ordinaire. Cela représente un défaut de connaissance notable »
ÉTUDE IFREMER 27/03/2019 SYNTHÈSE DES CONNAISSANCES SUR LES IMPACTS DES CÂBLES ÉLECTRIQUES SOUS-MARINS : PHASES DE TRAVAUX ET D’EXPLOITATION ( 8. Les champs électromagnétiques – 8.2.2. Les expériences de terrain)
LA REQUÊTE DES ASSOCIATIONS MOBILISÉES CONTRE LE PROJET REJETÉE PAR LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE BORDEAUX
Sea Shepherd France aux côtés de dma (défense des milieux aquatiques) et du collectif de citoyens Stop THT 40 a présenté une requête contre le projet au tribunal administratif de bordeaux le 20 janvier dernier. De façon surprenante le juge des référés a rejeté la requête des associations qui ont pourtant démontre la sensibilité des poissons migrateurs, des raies et des requins a l’électromagnétisme, et le caractère totalement illogique du tracé sous-marin sur lequel rte refuse de se justifier. Le juge n’a pas retenu ces arguments et a validé le projet porte par RTE.
FAIT SURPRENANT : Pour éviter de voir le projet suspendu, RTE a annoncé en pleine audience qu’ils modifieront les types de câbles initialement prévus pour l’interconnexion. Une modification notable en cours de projet pour rassurer le juge sans pour autant présenter de nouvelle étude…
COMMENT UN TEL PROJET PEUT-IL ÊTRE SOUTENU PAR LA SURFRIDER FOUNDATION ? COMMENT NE PAS PRENDRE EN COMPTE LE CUMUL D’IMPACTS DES PRESSIONS ANTHROPIQUES ACTUELLES ET À VENIR SUR LES ECOSYSTÈMES MARINS ?
POUR LA SURFRIDER FOUNDATION, “ LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE NE SE FERA PAS SANS INTERCONNEXION ”
« (…) Aussi, malgré les inquiétudes légitimes qu’un projet de tel ampleur peut susciter, et au regard de l’intérêt général qu’il représente pour atténuer les effets du changement climatique et ainsi préserver l’océan et sa biodiversité, Surfrider soutient la réalisation de ce projet ainsi que la démarche de concertation qui a permis aux acteurs locaux de trouver les compromis nécessaires à l’identification de ce tracé »
AVIS COMPLET DISPONIBLE SUR LE SITE DE LA SURFRIDER FOUNDATION à consulter ici
« L’OCÉAN, GRÂCE À LA VIE MARINE ET AUX ECOSYSTÈMES CÔTIERS, EST LE PREMIER RÉGULATEUR DU CLIMAT ET LE PRINCIPAL PUITS DE CARBONE. NOUS NE GAGNERONS PAS CETTE COURSE CONTRE LA MONTRE POUR ENRAYER LE CHANGEMENT CLIMATIQUE SI NOUS SACRIFIONS LA BIODIVERSITÉ AU PASSAGE. CE QUI S’AMORCE AVEC LA MULTITUDE DE PROJETS INDUSTRIELS EN MER EN FRANCE ET AILLEURS, EST UN CRIME CONTRE LA NATURE ET CONTRE LES GÉNÉRATIONS FUTURES