Nous sommes arrivés mardi matin sur l’île de Mayotte pour plusieurs semaines de mission anti-braconnage. A peine arrivée, notre équipe a repris les patrouilles sur les plages dès la nuit dernière. Après avoir veillé sur un total de 26 tortues montées sur les plages de Charifou 3 et 4 et retournées saines et sauves à l’océan après avoir pondu, une découverte macabre a été faite ce matin sur la plage voisine de Dapani.

Cette tortue a été tuée il y’a quelques jours, ses nageoires ont été dévorées par des chiens errants et un bâton a été enfoncé dans ses entrailles. Le mystère reste entier sur les raisons pour lesquelles les personnes qui l’ont retournée sur le dos ne l’ont pas dépecée (possible qu’ils aient été interrompus et aient fui en laissant la tortue sur place).

Nous menons l’Opération Nyamba (tortue en mahorais) depuis 2017 sur l’île de Mayotte pour lutter contre le braconnage des tortues, première cause de mortalité sur l’île. Nous estimons qu’environ un millier d’entre elles sont atrocement massacrées à la machette chaque année lorsqu’elles remontent sur les plages pour pondre. Leur viande fait en effet l’objet d’un lucratif marché noir. Précisons, qu’il ne s’agit en aucun cas de braconnage de subsistance, la viande est principalement consommée en période de fêtes, mariages et en barbecue le week-end…

Les tortues marines sont menacées et protégées (au moins sur le papier) en France et à Mayotte, elles font l’objet d’un PNA (Plan National d’Action). Des millions d’euros d’argent public ont été investis pour leur protection et pourtant, elles restent, dans les faits, livrées aux braconniers sur la plupart des plages. Nous avons lancé un recours contre le Conseil Départemental et l’État français pour carence dans la protection des tortues, du fait du mauvais usage de fonds publics qui devraient être en priorité investis à la protection effective des plages. Depuis maintenant 7 ans, nous constatons sur le terrain l’absence des gardiens du conseil départemental payés pour les protéger et parfois, leur complicité avec les braconniers. Seule une brigade dédiée à la protection effective des tortues sur les plages permettra de sauver les tortues du braconnage et sera d’ailleurs moins couteuse en argent public que l’énorme gaspillage actuel.

Depuis 2017, nous avons mené plus de 1500 patrouilles sur les plages mahoraises, du crépuscule à l’aube, protégé plusieurs centaines de tortues et d’émergences et fait fuir des dizaines de braconniers (dont certains ont pu être arrêtés par les gendarmes)

Pour un peu de contexte, lire l’extrait du journal de bord de Lamya Essemlali : https://seashepherd.fr/extrait-du-journal-de-mission-de-lamya-essemlali-presidente-de-sea-shepherd-france/