Texte de Lamya Essemlali
Présidente de Sea Shepherd France
Paul a fêté ses 74 ans en prison hier. C’était son 134ème jour d’incarcération, presque cinq mois qu’il est coupé du monde et sous la menace d’une extradition vers le Japon, un pays dont on sait qu’il ne reviendra jamais.
Depuis le 21 juillet dernier, nous nous battons corps et âme pour que le monde prenne la mesure de la situation et que la Justice ne plie pas face au rouleau compresseur déployé par le Japon qui pèse de tout son poids économique et politique sur le Danemark, mais aussi sur la France à qui Paul Watson a demandé la nationalité.
Je connais le déploiement des forces en présence pour que Paul soit livré au désir de vengeance d’un gouvernement qui se comporte d’une manière aussi capricieuse qu’immature et qui a fait de Paul Watson, l’objet d’un chantage économique colossal auprès des deux pays que sont la France et le Danemark. Que valent les baleines face aux intérêts politiques et commerciaux ? Que vaut la vie d’un homme qui a tout risqué pour les sauver ?
Dans la cacophonie d’un monde qui explose de part en part, difficile de faire entendre le cri des baleines qui hurlent depuis la prison de Nuuk, que leur ange gardien a un genou à terre. Et que donc, elles aussi.
Dans la nuit noire de ce 2 décembre, nous sommes quelques-uns à être venus incarner leur lumière et leur voix devant la prison de leur plus grand défenseur.
Paul, tu n’es pas seul, les baleines sont avec toi chaque jour dans ta prison et à chaque audience. Hier nous avons illuminé leur esprit sous les fenêtres de ta prison et leur chant a résonné dans la nuit.
Les aurores boréales étaient de la fête, elles sont venues danser au-dessus de ta prison. Elles ont illuminé le ciel d’un feu aussi ardent que ta passion pour l’océan.
Cette lumière que ni les procureurs groenlandais, ni les ministres danois ou japonais ne connaissent, nul ne pourra jamais te la prendre. Elle illumine ton cœur et le nôtre, cette lumière de l’amour du vivant est un phare dans la nuit noire que traverse l’âme de l’humanité.
NB : j’ai demandé à Paul de se mettre à la fenêtre de sa cellule à 18h00, heure où il fait nuit noire à Nuuk et nous avons pu lui montrer une baleine lumineuse réalisée par l’artiste Savitri D accompagnée de chants de baleines. Tous ses codétenus ont profité du spectacle et Paul nous a répondu à distance en faisant clignoter la lumière de sa cellule. Un peu plus tard dans la nuit, nous sommes revenus sur les lieux, le ciel au-dessus de la prison était illuminé des plus belles aurores boréales que j’ai jamais vues.