epuis le 1er Janvier, les Pingers (répulsifs acoustiques) sont obligatoires sur les chalutiers naviguant dans le Golfe de Gascogne.

En France, plus de 11000 dauphins sont morts à cause des méthodes de pêche non sélectives en 2019. Une situation si alarmante que la Commission Européenne a mis la France en demeure pour son inaction, lui demandant de prendre des dispositions d’urgence. Et l’unique « mesure » prise par le Ministère de la Mer pour enrayer cette hécatombe se résume à imposer les répulsifs acoustiques sans prendre la mesure de leurs impacts.

A aucun moment la France ne remet en question son effort de pêche, ses méthodes non sélectives et leurs conséquences, mais préfère chasser un prédateur naturel, espèce protégée de surcroît, de sa zone de nourrissage en ignorant les effets pervers que peuvent avoir ces émetteurs de signaux acoustiques (lien en fin de publication pour en savoir plus).

Le ministère de la Mer qui dit s’engager pour « limiter au maximum les interactions avec les dauphins » n’en est même pas à faire le minimum pour atteindre ce but : une fermeture spatio-temporelle pour les pêcheries concernées, imposer le Remote E-monitoring (caméras) pour filmer les remontées de filets, réduire l’effort de pêche sur les lieux de vie de ces espèces protégées et la mise en place de mesures concrètes pour faire respecter l’obligation légale de déclarations de captures de dauphins (moins de 10 déclarations en 2019 pour plus de 10 000 captures estimées par les scientifiques, sur la base des cadavres mutilés échoués sur les plages).

On peut regretter par ailleurs que certaines associations environnementales ou de protection animale qui ne maitrisent pas le sujet applaudissent voir réclament la pose de pingers sur les filets de pêche, servant ainsi de caution environnementale à un Ministère de la Mer et à un Comité des Pêches.

 Pingers : Un remède pire que le mal

Pingers : Un remède pire que le mal

Le Ministère de la Mer va jusqu’à reprendre dans sa communication officielle un tweet de 30 Millions d’Amis qui se réjouit de cette mesure écran de fumée… Que dire également du Directeur de la LPO (Ligue de la Protection des Oiseaux) qui s’exprime en faveur de la pose de pingers sur l’ensemble des filets de pêche ? (Soit sur des dizaines de milliers de kilomètres posés chaque jour en plein dans la zone habitat des dauphins)…

Un positionnement d’autant plus inquiétant quand on sait que la LPO a été mandatée par le gouvernement en tant qu’ ONG environnementale “experte” du sujet aux côtés des Comités des Pêches sur la mise en place du PNA (Plan National d’Action) censé venir à bout des captures de dauphins. PNA dont Sea Shepherd est pour l’instant exclue, pour cause de “radicalité”.

Faut-il peut-être plutôt comprendre que le Ministère de la Mer et le Comité des Pêche ne veulent surtout pas d’ONG spécialiste qui n’applaudirait pas des deux mains leurs mesures écran de fumée ?

L’extension des pingers à l’ensemble des filets de pêche est pourtant une aberration sur laquelle les scientifiques préviennent déjà des dangers qu’ils représentent pour les dauphins et nous combattrons la mesure sur le terrain légal par la voie de recours devant le Conseil d’Etat.

Annick Girardin a annoncé en fin d’année “Nous ne nous arrêterons pas là. Nous rendrons la pêche plus vertueuse”.

Rendre la pêche plus vertueuse, moins destructrice est de toute évidence une priorité et l’affirmer ouvertement laisse supposer une prise de conscience que nous saluons. Mais la pose de répulsifs acoustiques n’est pas une solution, c’est surtout une atteinte supplémentaire aux conditions de vie déjà fortement dégradées des dauphins et une pollution supplémentaire du milieu marin.

Pour aller plus loin : https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/les-chalutiers-contraints-de-s-equiper-de-dispositifs-acoustiques-pour-limiter-les-captures-de-1609493144