Réunion captures dauphins

Communiqué de presse / 22 février 2024.


Depuis plusieurs années consécutives les captures de dauphins par les engins de pêche dans le Golfe de Gascogne ne font qu’augmenter et tout dialogue constructif entre pêcheurs, scientifiques et ONGS se révèle impossible. 

Depuis 2017, un groupe de travail « Captures » censé rassembler les différents acteurs de la problématique et coordonné par le MTE (Ministère de la Transition Écologique) a échoué à trouver des solutions qui auraient pu éviter la situation de crise actuelle. Représentés par le Comité National des Pêches, les pêcheurs artisans de terrain et Sea Shepherd France, seule ONG présente sur les zones de pêche, en ont toujours été exclus.

Les instances représentatives officielles des pêcheurs via le Comité National des Pêches en cultivant le déni de la problématique, en diabolisant les ONGs et en décrédibilisant les scientifiques, ont empêché la mise en place d’adaptations pérennes, justes et efficaces pour réduire significativement les captures de dauphins sans mettre en péril la filière pêche.

En décembre 2023, le Conseil d’État, saisi par les ONGs sur la base des recommandations scientifiques, décrète une fermeture en urgence du Golfe de Gascogne pendant un mois. La décision tombe comme un couperet pour la filière pêche.

Bien que perçue comme extrême par les pêcheurs, cette première décision de fermeture d’un mois ne satisfait personne. Trop longue pour la filière pêche et trop courte pour obtenir une baisse significative des captures en dessous du seuil de viabilité de la population de dauphins communs du Golfe de Gascogne.

D’ailleurs, ce premier mois de fermeture ne permet pas d’établir un bilan de l’efficacité de la mesure tant les différences météorologiques (et donc conditions d’échouages) sur la même période l’année dernière étaient différentes. En effet, cette année, les vents d’ouest ont favorisé les échouages là où l’année dernière les vents d’est amenaient les carcasses vers le large.

Il est à noter que selon Pélagis, sur les 137 échouages répertoriés pendant ce mois de fermeture, seuls deux cadavres portent des traces de captures.

Un comparatif sur une période similaire en mars 2023, à conditions météo comparables, fait état de 500 dauphins échoués avec traces de captures. Il faudra attendre la fin de l’hiver pour tirer les premières conclusions de ce mois de fermeture.

Réunion captures dauphins
Réunion captures dauphins
captures dauphins échoués

inquiétude de part et d’autre, tient au fait que tout paramètre égal par ailleurs et si rien n’évolue dans les pratiques, le CIEM (Conseil International pour l’Exploration de la Mer) estime qu’une fermeture de 4 mois est nécessaire pour atteindre les objectifs en matière de conservation de la biodiversité et maintien de la population de dauphins communs, espèce protégée pour laquelle la France a des obligations réglementaires au niveau national et communautaire.

Ce lundi, pour la première fois, les pêcheurs artisanaux, les ONGs à l’origine du recours devant le Conseil d’État et les scientifiques ont pu échanger envers et malgré tout, en contournant le blocage et la rétention d’information orchestrée depuis des années par le Comité National des Pêches qui poursuit des intérêts questionnables.

Un ordre du jour préétabli a permis de passer en revue différents sujets essentiels ayant trait à la biologie des dauphins, l’état de conservation de leur population, le changement de répartition des cétacés et de leurs proies (et les causes possibles de ces changements) ainsi que les interactions entre différentes espèces et engins de pêche. Scientifiques et pêcheurs ont pu échanger sur les méthodes de calculs et extrapolations faites à partir du nombre d’échouages, sujet qui suscite beaucoup d’interrogations chez les pêcheurs. Les pêcheurs de terrain (et non de « petits-fours ») ont pu partager leurs retours d’expérience avec les scientifiques, donnant matière à réfléchir à des adaptations à mettre en place…

La question de l’impact socio-économique sur l’ensemble de la filière a également été abordée, donnant l’occasion de clarifier l’objectif des ONGs qui n’est en aucun cas d’asphyxier la pêche artisanale française, objectif absurde qui aurait pour effet de booster les importations de poissons étrangers déjà bien trop importantes.

Les pêcheurs artisanaux présents ce lundi 19 février travaillent d’ores et déjà à la constitution d’une Fédération qui défendra réellement leurs intérêts et qui saura rester ouverte à la concertation avec les ONGs et les scientifiques.

Cette première rencontre qui aura duré près de 4 heures représente l’espoir d’un dialogue qui semblait encore impossible il y a peu. Le caractère unique et inédit tient au fait que des personnes d’horizons très différents, voire en apparence opposés, ont su se réunir autour d’une table pour œuvrer à un objectif commun : garder une mer vivante, une condition sine qua none à la survie de la filière pêche, mais également à celle de l’humanité et des générations futures. 

Lamya ESSEMLALI

Présidente de Sea Shepherd France

Etaient présents à la réunion :

– Collectif de pêcheurs (CDP)

– Pelagis

– Sea Shepherd France

– Institut Agrocampus Rennes (IAR)

– EELV

– Défense des Milieux Aquatiques

– France Nature Environnement (FNE)

– Ligue des Protection des Oiseaux (LPO)

Contact Presse
Lamya ESSEMLALI, présidente de Sea Shepherd France
media@seashepherd.fr – 07 60 26 22 77