Une patrouille en mer de 20 jours entreprise conjointement par les autorités tanzaniennes, Fish-i Africa et Sea Shepherd à bord de l’Ocean Warrior a permis l’arrestation de dix navires, dont sept appartiennent à un réseau de trafiquants de bois qui dévastent les mangroves d’Afrique de l’Est.[su_image_carousel source= »media: 1570,1555,1556,1557,1558,1559,1560,1562,1563,1561,1564,1565,1566,1567,1568,1569″]
Depuis l’arrestation de trois navires pour délits de pêche et la condamnation à une amende de 19 milliards de Shillings tanzaniens (6 865 160 euros) de 19 autres navires qui avaient fui la Tanzanie pour éviter les contrôles post-pêche obligatoires, il n’y a eu pratiquement aucune activité de pêche observée dans les eaux tanzaniennes. Ainsi, l’Ocean Warrior a passé deux semaines à surveiller une tristement célèbre route de contrebande entre l’Île de Zanzibar et la partie continentale de la Tanzanie.
Pendant les patrouilles, sept boutres ont été arrêtés pour avoir fait passer des chargements illégaux de bois de mangrove sur le marché noir. Les boutres sont des bateaux de marchandise traditionnels qui commercent souvent dans l’Océan Indien.
La loi tanzanienne protège strictement les forêts de mangrove, car ce sont des habitats essentiels pour de nombreuses espèces de coquillages et de poissons qui y fraient et y naissent. Ces milieux sont donc également importants pour les communautés locales, en particulier les pêcheurs artisanaux.
Malgré les efforts sensibles du gouvernement tanzanien pour protéger ces vastes marais de mangrove, certaines zones ont été tellement exploitées que la régénération naturelle est impossible sans l’intervention des services de l’Etat. Le démantèlement des opérations de contrebande de bois en mer représente une part importante de cette intervention humaine et fournit des renseignements qui peuvent être utilisés par les autorités pour s’attaquer aux opérations à terre du commerce très lucratif de bois de mangrove de contrebande.
Les sept boutres et leurs chargements ont été confisqués et leurs capitaines arrêtés. Le capitaine de l’un des boutres a délibérément coulé son bateau alors qu’il était tracté par l’Ocean Warrior, pour créer un climat de confusion et tenter de permettre aux autres boutres remorqués de s’échapper. L’équipage du boutre a été secouru et le capitaine poursuivi en justice, soupçonné d’obstruction à une enquête criminelle.
Les autorités tanzaniennes ont également arrêté le capitaine pakistanais d’un cargo suspecté d’infraction aux lois tanzaniennes sur l’immigration, et deux boutres qui transportaient au total 71 personnes, dont 12 enfants, dans des embarcations inadaptées à la mer, sans papiers d’enregistrements ni équipements de survie tels que des gilets de sauvetage.
Au total, dix bateaux ont été arrêtés au cours de la deuxième patrouille de Sea Shepherd en partenariat avec les autorités tanzaniennes et le support de Fish-i Africa.
“La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) est finalement un problème de sécurité maritime. Les braconniers d’ailerons de requins qui ont été arrêtés durant la première patrouille de l’Opération Jodari exploitent les mêmes failles de suivi, de contrôle et de surveillance que les autres réseaux criminels : trafiquants de drogues, trafiquants d’humains et, dans ce cas, trafiquants de bois”, a déclaré le Capitaine Peter Hammarstedt, directeur des campagnes de Sea Shepherd Global. “L’Opération Jodari produit un énorme impact car elle montre qu’un navire de patrouille civil parvient à traduire des bateaux de pêche illégale devant la justice et à démanteler des routes de contrebande utilisées pour perpétrer d’autres crimes environnementaux.”
A propos de l’Opération Jodari
Le but de L’Opération Jodari est de contrôler toutes les activités des bateaux situés dans les eaux tanzaniennes, en abordant ceux suspectés de pêche INN et en formant les agents tanzaniens au suivi, au contrôle et à la surveillance (MCS) de la pêche dans les eaux du pays, notamment par l’inspection des bateaux et les procédures d’abordages.
A bord de l’Ocean Warrior de Sea Shepherd les agents chargés de l’application de la loi, avec l’Autorité de pêche en eau profonde, la Marine tanzanienne, l’Agence de répression des drogues et l’équipe d’intervention inter-agences travaillent avec le capitaine Adam Meyerson et l’équipage de Sea Shepherd pour arpenter les eaux territoriales de Tanzanie. Les agents chargés de l’application de la loi ont autorité pour aborder, inspecter et arrêter les navires qui violent la loi tanzanienne. La MATT est dirigée par la police tanzanienne et regroupe les Services tanzaniens de la Forêt, le Département Nature, le Département Pêche et le Service de renseignement et de sécurité de Tanzanie. Elle a été formée pour cibler les individus et les réseaux qui contrôlent le crime environnemental dans la région et le commerce illégal d’espèces sauvages.
Il est estimé qu’entre 11 et 26 millions de tonnes de poissons sont capturées dans le monde chaque année par la pêche INN. Les pays en développement sont particulièrement vulnérables à la pêche INN, qui fait perdre environ 1 milliard de dollars à la région occidentale de l’Océan Indien chaque année.
L’Opération Jodari est soutenue par Fish-i Africa, partenariat de huit pays d’Afrique de l’est (les Comores, le Kenya, Madagascar, île Maurice, le Mozambique, les Seychelles et la Somalie) qui promeut le partage d’informations et la coopération régionale pour lutter contre la pêche illégale de grande ampleur dans l’ouest de l’Océan Indien.
L’Opération Jodari est le quatrième partenariat entre Sea Shepherd et les Etats côtiers d’Afrique qui ont la volonté politique de mettre un terme à la pêche INN.
Depuis février 2017, Sea Shepherd assiste le gouvernement du Libéria dans le cadre de l’Opération Sola Stella pour s’attaquer à la pêche INN en mettant à disposition un navire de patrouille civile qui opère dans les eaux libériennes, sous la direction du Ministère libérien de la Défense. L’Opération Sola Stella a conduit à l’arrestation de dix bateaux pour pêche INN.
En 2016, Sea Shepherd a noué un partenariat avec le gouvernement du Gabon pour l’Opération Albacore, donnant lieu à 80 inspections de navires de pêche en mer et l’arrestation consécutive de cinq chalutiers congolais INN ainsi que d’un palangrier espagnol INN. L’Opération Jodari s’inscrit dans le prolongement de l’engagement de Sea Shepherd à travailler activement avec les gouvernements nationaux et leurs agents chargés de l’application de la loi dans la lutte contre la pêche INN.
Tous en cordée. L’Ocean Warrior escorte les boutres vers les bureaux de la police maritime