Avec une estimation basse de 3500 dauphins tués chaque année le long de la façade atlantique française et jusqu’à 10 000 pour les estimations les plus élevées, les eaux françaises sont devenues un charnier pour les dauphins en Europe. Même pour la tranche la plus basse, ces chiffres sont plus importants que les massacres sanglants des iles Féroé et de Taiji (Japon) combinés.

Une hécatombe occultée par l’Etat et le Comité des Pêches depuis les années 90.

Si le grand public ignore largement le problème, les Ministères de l’Agriculture et de la Pêche et de la Transition Ecologique sont bien conscients de ces captures si importantes que d’après l’observatoire scientifique Pélagis, elles mettent en péril la survie des dauphins le long des côtes françaises. Les chalutiers pélagiques ont été identifiés par les scientifiques depuis 30 ans comme étant les principaux responsables de la mortalité des dauphins sur la façade atlantique.

L’Etat hors la loi

Si une directive européenne rend obligatoires les déclarations de captures accidentelles de cétacés, cela n’a été transcript en droit français qu’en 2011 et l’application effective de la loi est toujours impossible en 2018 car le Ministère de l’Agriculture et de la pêche refuse de nommer un organisme indépendant chargé de reccueillir ces données. Un peu comme si l’on demandait aux citoyens de déclarer leurs impôts tout en refusant de mettre en place un Trésor Public. En faisant cela, le Ministère (DPMA) entretient volontairement l’opacité autour de la mortalité des dauphins.

Les mesures fumeuses dans les tuyaux des Ministères : le log Book et le programme OBSMER

Les Ministères de l’Agriculture et de la Transition Ecologique publient dans un communiqué du 28 Février 2018 leurs solutions pour un meilleur suivi des captures. Mais il s’agit une fois encore de simulacres de mesures dont on sait depuis des années qu’elles sont inefficaces.

1 : Les déclarations de captures de dauphins par Log Book sont une façon de noyer le poisson. Imaginez que l’on dise aux automobilistes de télécharger sur leur téléphone une application qui leur permet de déclarer leurs dépassements de vitesse eux mêmes. La Gendarmerie en concluerait certainement qu’il n’y a jamais de dépassement de vitesse en France.

2 : Le programme OBSMER, censé embarquer des observateurs à bord des navires de pêche. A moins d’être complètement modifié, OBSMER ne pourra jamais rendre compte de la situation réelle. D’abord parce qu’il repose sur la bonne volonté du patron de pêche qui peut tout à fait refuser un observateur ou choisir ses sorties en mer (seulement 5% de l’effort de pêche est suivi). Mais aussi parce que les observateurs embarqués sont rarement dans des conditions qui leur permettent de travailler sereinement. Plusieurs observateurs nous ont rapporté avoir été victimes de menaces et disent avoir avoir assisté à des activités illégales à bord de certains navires, falsifications de déclarations, captures d’espèces protégées sans pouvoir en témoigner librement du fait de la pression et des intimidations exercées à leur encontre.

En l’absence d’une pression du grand public, les alertes des scientifiques continueront de rester lettre morte

“Les estimations de mortalité fournies par les échouages indiquent une mortalité supérieure au seuil soutenable pour la population” (Laran et al. 2016) En 2017, suite à l’échouage de 800 dauphins en 1 mois et demi sur la côte atlantique, Hélène Peltier de l’Observatoire Pélagis s’exprimait ainsi dans la presse : “La situation est extrêmement préoccupante et nous tirons la sonnette d’alarme sur les perspectives de conservation du dauphin commun sur la façade atlantique, une espèce qui se reproduit lentement”.

Jusqu’où peut on qualifier d’”accidentelles” des captures qui sont prévisibles et évitables

Les dauphins sont une espèce protégée par différents textes : convention de Berne, convention de Bonn, liste rouge de l’IUCN, et annexe II de la CITES. Pourtant, ils sont tués en masse avec des méthodes dont on connait l’impact depuis de nombreuses années. De plus, une fois capturés dans les filets, les dauphins survivants une fois remontés sont achevés sur le pont des navires.

Des méthodes accoustiques d’effarouchement des dauphins (pingers) ont été développés par l’IFREMER avec des résultats probants dès 2004. En 2018, les chalutiers identifiés comme responsables ne sont toujours pas équipés.

Nous exigeons 4 mesures concrètes pour que nos enfants puissent encore voir des dauphins en France demain :

1. L’interdiction de la pêche au chalut sur les zones de frayères du bar et sur toute zone identifiée par les scientifiques comme abritant une importante concentration de cétacés.

2. L’obligation pour tous les navires dont les méthodes de pêche ont été identifies comme à risque pour les cétacés d’être équipés de moyens de repulsion accoustiques (pingers)

3. La nomination de PELAGIS ou d’un autre observatoire scientifique comme organisme habilité à recevoir les déclarations de captures de cétacés

4. La refonte du programme OBSMER pour lui donner un caractère obligatoire tout en s’assurant que les observateurs embarqués puissent travailler efficacement et sans menaces de représailles.

Soutenez l’opération Dolphin Bycatch en signant et en partageant notre pétition en ligne.