Les baleines à bec de Cuvier sont considérées comme les championnes de la plongée en apnée. Elles sont en effet capables de plonger à près de 3 000 mètres de profondeur, soit l’équivalent d’environ dix Tours Eiffel ! Elles peuvent rester sous l’eau deux heures d’affilée, et quelques respirations en surface leur suffisent avant de replonger aussitôt. Les capacités d’apnée exceptionnelles de ces baleines en font une espèce difficile à observer et à étudier pour les scientifiques.

En comparaison, le cachalot, deuxième meilleur plongeur de l’extrême, a été observé à une profondeur maximum de 2 250 mètres et passe davantage de temps en surface entre chaque plongée.

Un groupe de scientifiques mexicains et américains, assisté par Sea Shepherd, mène actuellement une étude sur l’île de Guadalupe, au large du Mexique. C’est dans cette zone que l’on a enregistré un nombre record d’observations de baleines à bec de Cuvier, sur une période d’environ quinze jours.

La découverte d’un si grand nombre de baleines à bec de Cuvier dans ce laps de temps a fourni aux scientifiques du projet Divina Guadalupe I embarqués à bord du navire de Sea Shepherd l’occasion d’étudier leurs modèles d’habitat et de comportement. Ces observations sont essentielles pour améliorer les connaissances et la compréhension de ces cétacés discrets. Sea Shepherd et le groupe de scientifiques dirigés par Gustavo Cardenas sont retournés sur les lieux depuis pour poursuivre leurs travaux de recherches sur ces baleines.

Au cours de la seconde expédition, l’équipage de Sea Shepherd a réussi à enregistrer à l’aide d’un drone les images inédites d’une baleine à bec de Cuvier en compagnie de son petit.

L’Opération Guadalupe en est actuellement à sa quatrième expédition.

Jusqu’à présent, l’île de Guadalupe était surtout connue pour ses rassemblements de grands requins blancs en automne et en hiver. L’île a récemment gagné en notoriété à cause d’une vidéo virale sur YouTube montrant un grand requin blanc briser les barreaux d’une cage d’observation après avoir été appâté par un tour operator. Le plongeur qui se trouvait dans la cage s’en est miraculeusement tiré indemne.

Cet incident s’est produit dans la baie où ont été effectuées les 29 observations de baleines à bec de Cuvier.

L’île de Guadalupe constitue un site privilégié pour étudier les baleines à bec de Cuvier. Dotée d’un plateau continental étroit, elle est entourée d’eaux profondes, ce qui permet d’observer souvent ces baleines à proximité des côtes.

L’une des raisons pouvant expliquer l’abondance de ces baleines dans cette zone est l’éloignement de l’île de Guadalupe du continent. Cet éloignement réduit les perturbations induites par l’activité maritime, augmente la probabilité pour les baleines de trouver des proies, et les protège des orques, leurs prédateurs. Par ailleurs, malgré le fait de partager leur habitat avec les grands requins blancs, aucune attaque de baleine à bec par cette espèce de requin n’a été répertoriée.

Zone de reproduction probable pour les baleines

Les observations de deux mères accompagnées de leurs baleineaux indiquent aussi, selon les scientifiques, que l’île de Guadalupe pourrait constituer une zone de reproduction pour les baleines à bec de Cuvier. La découverte d’une densité aussi élevée d’individus de cette espèce à proximité de l’île, à différentes périodes de l’année, fait dire aux scientifiques qu’il pourrait s’agir d’une population locale. Cette hypothèse est renforcée par plusieurs correspondances dans le catalogue de photo-identification établi au cours des différentes expéditions.