Par le capitaine Paul Watson et Lamya Essemlali

 Vendredi 26 janvier, Michel Pastoureau était l’invité de l’émission Grand Bien vous fasse sur France Inter en tant qu’historien de la symbolique qui a écrit un livre sur les baleines.  

Dans cette émission, Michel Pastoureau affirme qu’aujourd’hui encore « Sans la chasse à la baleine, l’Islande ne serait rien ». Il dit également qu’« Aujourd’hui, avec les moyens modernes, les animaux ne souffrent plus ». 

Pourtant, Michel Pastoureau le dit lui-même dans une autre émission pour Le Figaro TV, « Je n’ai jamais vu de baleine vivante et c’est sans doute pas plus mal » du fait qu’il se dit historien de la symbolique. Mais sans doute alors, devrait-il éviter de s’avancer sur le terrain de la souffrance de ces animaux dont il est finalement très éloigné, dans le réel.

Sans doute, s’il avait assisté à la chasse à la baleine en Islande telle qu’elle est pratiquée encore aujourd’hui, se serait-il abstenu de véhiculer l’idée fausse que celle-ci ne fait plus souffrir les animaux.

Et sans doute, s’il savait qu’aujourd’hui seulement 2% des Islandais consomment de la viande de baleine et que la seule chose qui maintient ce marché est la curiosité morbide des touristes et l’acharnement irrationnel d’un seul homme : Kristjan Loftsson 

Pour ce qui est de la souffrance engendrée, celle -ci a été documentée et est tellement insoutenable que le gouvernement islandais a exigé un moratoire pendant l’été 2023 après avoir visionné des images de la saison de chasse précédente, montrant des femelles gestantes agonisant, des baleines mettant plusieurs heures à mourir, des baleines harponnées puis perdues de vue, condamnées à une longue agonie…

Suite à cette décision courageuse, le ministre islandais de la pêche a alors été menacé de destitution par Kristjan Loftsson, l’homme le plus riche d’Islande, propriétaire de l’unique entreprise de chasse et qui a tué lui-même des milliers de baleines au cours de sa longue carrière. Agé de plus de 80 ans, ce dernier jouit d’une grande influence financière et politique et maintient artificiellement l’entreprise alors même que le gouvernement islandais et plus de la moitié de la population islandaise sont aujourd’hui opposés à la chasse baleinière.

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Monsieur Pastoureau prétend être un expert de la chasse à la baleine en Islande, mais ses propos contredisent la réalité de cette chasse.

Son affirmation selon laquelle l’Islande ne serait rien sans la chasse à la baleine est ubuesque. Cette chasse appartient au passé culturel de l’Islande, c’est un fait. Mais aujourd’hui, le pays possède une culture florissante totalement indépendante de la chasse à la baleine. L’observation des baleines y est devenue une activité bien plus lucrative que leur massacre. L’Islande est aujourd’hui un centre de technologie et de cyber-industrie, elle possède une importante industrie touristique ainsi qu’une industrie de la laine et du textile très populaire. Et bien sûr, la pêche commerciale est le secteur le plus important. Depuis des années, la chasse à la baleine n’est plus rentable. 

Mais surtout, le massacre des rorquals communs, espèce menacée, à des fins commerciales est illégal au regard du droit international. La Commission baleinière internationale a décrété un moratoire mondial en 1986, qui est toujours en vigueur. 

Nous invitons donc Michel Pastoureau à rencontrer les baleines dans leur milieu naturel pour découvrir l’être derrière le symbole. Et pourquoi pas, à assister à une chasse pour se faire une idée du niveau de cruauté indicible de cette pratique dont la place aujourd’hui doit être tenue aux livres d’Histoire.

A défaut d’expérimenter dans le réel, ce dont il parle, nous l’invitons à se retreindre à l’univers symbolique dont il est spécialiste.  

Les baleines qui sont massacrées aujourd’hui méritent que leur agonie soit reconnue et combattue, pas qu’elle soit niée dans les médias mainstream, par des gens qui ne les ont même jamais rencontrées.