Dernière mise à jour par Jeff Hansen, Responsable de campagne, Opération Jeedara 2018, notre campagne actuelle de défense de la Baie

L’une des espèces les plus rares de lions de mer au monde

Le lion de mer australien (Neophoca cinerea) est la seule espèce d’otarie du genre Neophoca. Il est endémique à l’Australie, ce qui signifie qu’il n’existe que dans ce pays. De fait, en tant qu’Australiens, nous avons la responsabilité de le protéger. Des milliers de lions de mer australiens ont péri au cours de la grande époque de la chasse aux phoques au XIXème siècle. Cependant, leur peau, recouverte de poils durs, n’était pas aussi convoitée que la fourrure des phoques, et l’espèce a donc été moins impactée en comparaison à d’autres. Historiquement, les lions de mer australiens ont été la cible des pêcheurs parce qu’ils constituaient des concurrents à la ressource que ces premiers venaient chercher en mer, et l’abattage de phoques était une pratique acceptée jusqu’au milieu des années 70, ce qui a conduit à la diminution, voire à l’extinction de nombreuses colonies.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion de mer australien figure sur la liste rouge des espèces en voie de disparition, avec une population en déclin constant, comptant au total moins de 12 000 individus.

Sur ce nombre, 85 % vivent en Australie-Méridionale, et 15 % en Australie-Occidentale. La Loi de 1999 sur la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité les a listés dans la catégorie des espèces vulnérables, et ils sont protégés par l’Acte de 1972 sur les parcs nationaux et les espèces sauvages.

Les lions de mer australiens (Neophoca cinerea) font partie d’un groupe d’otaries à pavillons auditifs. Leurs nageoires pectorales leur permettent de se déplacer rapidement dans l’eau et ils peuvent se mouvoir facilement sur le sol en marchant sur leurs quatre nageoires. Le lion de mer australien (aussi appelé otarie australienne) diffère des otaries ou des phoques « vrais », tels que le phoque léopard, le phoque de Weddell ou le phoque du Groenland qui ne possèdent pas de pavillons auditifs externes et ne peuvent que difficilement utiliser leurs pattes arrières (réunies pour former une sorte de nageoire) lorsqu’ils sont sur le sol. Le cycle de reproduction du lion de mer australien est le plus original de toute la famille des Otariidés. La durée de gestation est de 18 mois mais la période de mise bas varie selon les colonies : elle s’étale sur 5 à 7 mois et peut même atteindre 9 mois à “Seal Bay” (la baie des otaries) sur Kangaroo Island.

Un lion de mer australien mâle sur les Îles Pearson (Pearson Isles). Crédit photo : Sea Shepherd / Simon AgerUn lion de mer australien mâle sur les Îles Pearson (Pearson Isles) – Crédit photo : Sea Shepherd/Simon Ager

Lions de mer mâles

Les mâles n’ont pas de territoire particulier pendant la saison de reproduction. Dès leur plus jeune âge, ils se battent entre eux pour établir une hiérarchie et les mâles dominants auront le droit de s’accoupler avec les femelles lorsqu’elles seront fécondables (Œstrus). Une femelle devient fertile pendant 24 heures, 7 à 10 jours après la mise bas. Après mise bas, elle ne s’occupe que de son dernier petit et va chasser celui de la précédente portée s’il vient chercher à la téter.

Malheureusement, les lions de mer australiens sont aussi connus pour tuer les plus jeunes dans le but de défendre leur territoire. Mais ils ont aussi ce que l’on appelle des comportements alloparentaux, à savoir l’adoption d’un ou de plusieurs petits par un adulte. Cela peut avoir lieu si les parents d’origine meurent ou si, pour une raison quelconque, ils en sont séparés.

Lions de mer femelles

Les femelles ne se reproduisant qu’une fois tous les 18 mois, il faudra beaucoup de temps pour que les lions de mer australiens se rétablissent, même si nous avons mis les meilleurs systèmes de protection en place, car de nombreuses menaces demeurent. Les grands requins par exemple, en particulier le grand requin blanc, attaquent et mangent les lions de mer (une bonne raison pour ne pas nager près des îles de reproduction). Parmi les autres risques, mentionnons l’enchevêtrement dans des filets de pêche, la collision avec des bateaux, les perturbations humaines, la pollution et l’épuisement des proies causées par la surpêche.

Plus récemment, un dispositif d’exclusion des lions de mer (SLED), système adaptable aux chaluts de pêche aux crevettes notamment, a été mis au point afin de permettre aux jeunes otaries prisonnières du filet de s’échapper, mais aussi pour que toutes les prises accessoires de plus de 10 cm sortent indemnes des filets. Le lion de mer se nourrit uniquement en mer, où il chasse le calmar, le poulpe, la seiche, le poisson, de petits requins et la langoustine. Les mâles adultes peuvent se nourrir à des profondeurs allant jusqu’à 150 mètres !

Des lions de mer australiens, menacés de disparition, sur les Îles Pearson (Pearson Isles). Crédit photo: Sea Shepherd / Eliza MuirheadDes lions de mer australiens, menacés de disparition, sur les Îles Pearson (Pearson Isles) – Crédit photo : Sea Shepherd/Eliza Muirhead

Les menaces actuelles pesant sur les lions de mer australiens

L’une des plus grandes menaces pour les lions de mer est la pêche au requin au filet maillant au large de l’Australie-Méridionale et de l’Australie-Occidentale. La raison en est que la répartition des colonies d’otaries australiennes et de la recherche de nourriture chevauche une pêcherie gérée par l’Autorité australienne de gestion des pêches (AFMA). Cette pêcherie utilise des filets maillants en vue de capturer des émissoles gommées (espèce de requin connue également sous le nom de Mustelus antarcticus dans les fish and chips). Or, les filets maillants sont invisibles, en mailles fines, suspendus dans la colonne d’eau proche du benthos, là où les lions de mer se nourrissent principalement ; des émissoles gommées et autres poissons restent accrochés dans le maillage.

Mais malheureusement, les lions de mer australiens en font de même et se noient. Avec le taux de mortalité élevé des prises accessoires dans les filets et les faibles chances de rétablissement de l’espèce, l’AFMA – sous la pression du secteur de l’environnement, y compris l’Association de Conservation marine australienne (AMCS), la Humane Society International (HSI) et le grand public – a accepté de réduire son « seuil limite » de lions de mer pouvant être tués lors des activités de pêche en Australie-Méridionale. Des fermetures spatiales excluant la pêche au filet maillant, entre 4 et 10 milles nautiques, ont également été mises en place autour de la plupart des colonies de lions de mer dans l’état.

Un lion de mer australien, menacé de disparition, sur une plage des Îles Pearson (Pearson Isles). Crédit photo: Sea Shepherd / Eliza Muirhead.Un lion de mer australien, menacé de disparition, sur une plage des Îles Pearson (Pearson Isles) – Crédit photo : Sea Shepherd/Eliza Muirhead.

Les menaces actuelles pesant sur les lions de mer australiens

À l’heure actuelle, la zone de pêche est divisée en sept zones différentes, dans lesquelles un certain nombre d’animaux peuvent être tués avant que la zone ne soit fermée à la pêche. Un total de 15 lions de mer australiens tués est dorénavant considéré comme un bilan acceptable. À la suite d’informations indiquant que les pêcheurs ne notifiaient pas les interactions avec les lions de mer, l’AFMA a mis en place un système de surveillance électronique sur chaque bateau se livrant à des activités de pêche dans la région des colonies d’otaries. Cependant, il existe des moyens de contourner la surveillance par caméra, en fonction de la façon dont le filet est remonté quand un lion de mer est pris au piège.

Souvent, lorsqu’une femelle est tuée, c’est la vie du petit resté à terre ou du fœtus en gestation qui est perdue, ce qui porte un coup dévastateur au rétablissement de l’espèce.

Il est important de faire remarquer que ces programmes de surveillance n’existent qu’en Australie-Méridionale, et qu’il reste beaucoup à faire pour la protection des lions de mer australiens en Australie-Occidentale, où les populations de lions de mer et les pêcheries à filets maillants partagent les mêmes territoires. Des différences sont à noter aussi concernant la distance autorisée à laquelle le public peut approcher les lions de mer : 30 mètres en Australie-Méridionale, et seulement 5 mètres en Australie-Occidentale. Cette distance doit être augmentée en Australie-Occidentale, pour permettre aux otaries de se reposer et se remettre des nombreuses heures de chasse. Nous savons tous à quel point nous humains avons besoin d’une bonne nuit de sommeil. Il en va de même pour nos lions de mer australiens en voie de disparition. Gardez bien cela à l’esprit la prochaine fois que vous verrez l’un de nos petits batailleurs australiens se reposer sur une plage ou une île.

Pourquoi les zones de sanctuaire comme les Îles Pearson sont importantes pour les lions de mer australiens

Les lions de mer femelles ont tendance à rester près de l’endroit où elles sont nées et à y retourner pour mettre bas. Ceci signifie que chaque petite population se distingue génétiquement de sa voisine, et que la mort non naturelle d’une seule et même femelle peut avoir un impact important sur la survie d’une colonie.

Un jeune lion de mer australien. Crédit photo: Sea Shepherd / Eliza Muirhead.Un jeune lion de mer australien – Crédit photo : Sea Shepherd/Eliza Muirhead.

Plus la population est petite, plus l’incidence d’un décès est forte. Un endroit comme les Îles Pearson a vu, depuis des milliers d’années, des générations de lions de mer venir sur les côtes pour se reposer, récupérer, s’accoupler et donner naissance. Sachant que les lions de mer australiens ne se reproduisent que tous les deux ou trois ans, et que cette espèce lutte déjà pour sa survie, ces zones de sanctuaire telles que les Îles Pearson sont essentielles pour maintenir un refuge sûr pour la survie de cette espèce emblématique, merveilleuse et joueuse, tant dans l’eau que sur terre.

Que pouvez-vous faire pour protéger le lion de mer australien ?

Admirez les lions de mer depuis une distance de sécurité de 30 mètres à terre et dans l’eau. Pendant la saison de reproduction, les femelles défendent leurs petits vigoureusement et n’hésiteront pas à attaquer qui s’en approcherait : restez éloignés des îles où elles mettent bas. Ne nourrissez pas les lions de mer, il est important qu’ils se procurent leur nourriture par eux-mêmes et ne deviennent pas dépendants de la nourriture distribuée

Repartez avec vos déchets : chaque année, des lions de mer meurent d’une mort lente et douloureuse due à l’enchevêtrement et à l’ingestion de déchets plastiques et autres. Déplacez-vous lentement pour ceux qui sont sous la surface quand vous êtes sur un bateau à la recherche d’une de ces créatures joueuses et charismatiques.

Sous les vagues : des lions de mer australiens en voie de disparition. Crédit photo: Sea Shepherd / Eliza Muirhead.Sous les vagues : des lions de mer australiens en voie de disparition – Crédit photo : Sea Shepherd/Eliza Muirhead.