Pas de permis, pas d’action pour la libération de Tokitae

L’annonce à grand renfort de publicité du transfert de Tokitae, alias Lolita, dans un enclos marin sur la côte de l’État de Washington, promettait toutes sortes de choses merveilleuses.

Ce qui nous a frappés à l’époque, c’est que Pritam Singh, le magnat de l’immobilier en Floride, s’inclut dans un trio d'”anges” bienfaiteur, avec le milliardaire Jim Irsay et Eduardo Albor, qui demandent au public de faire des dons pour libérer l’orque, captive depuis plus d’un demi-siècle.

L'”Ange” Eduardo Albor est propriétaire de 23 delphinariums. Il détient plus de dauphins captifs que toute autre personne impliquée dans ce commerce, qui relève de l’esclavagisme et il cherche désespérément à se débarrasser d’une orque captive qu’il ne peut plus exposer à des fins lucratives, sur ordre du gouvernement américain. La raison de cette interdiction :  Tokitae appartient à un groupe d’orques du Pacifique nord-ouest dont le statut de conservation a été décrété « en danger » par le gouvernement des États-Unis.

Une orque est un animal coûteux s’il n’est plus utilisable pour réaliser des performances de cirque pour le bénéfice d’une entreprise.

C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles les trois “anges” font appel aux dons du public. Ils ont déclaré que le coût du projet s’élèverait à 20 millions de dollars, ce qui ne représente pas grand-chose pour un trio d’hommes aussi riches. Mais comme on dit, les riches restent riches en utilisant l’argent des autres.

En mars de cette année (2023), les trois “anges” ont déclaré que Tokitae serait relâchée sous 18 à 24 mois dans un enclos marin sur la côte ouest américaine.

Le transport d’une orque, et en particulier de cette orque, nécessite des autorisations gouvernementales dont l’obtention peut prendre plus de 2 ans, si tant est qu’il soit possible de les obtenir. Le gouvernement des États-Unis ne souhaite pas assumer la responsabilité de la possible mort de Tokitae pendant le transport, et la caution vétérinaire d’un tel projet prendra donc beaucoup de temps et d’argent.

La NOAA n’approuvera jamais un permis permettant à Tokitae d’entrer en contact avec la population d’orques résidentes du Sud, car il n’y a aucune garantie que des agents pathogènes ne soient pas transmis aux orques sauvage.

Voici ce que nous ne comprenons pas, peut-être que quelqu’un a la réponse… À ce jour, aucune demande de permis n’a été déposée. Près de cinq mois se sont écoulés depuis l’annonce. Pourquoi ? S’il s’agit d’un projet sérieux, est-il si difficile de remplir les formulaires de demande de permis ? Un promoteur immobilier que les médias ont qualifié de “Donald Trump de Florida Keys” devrait savoir comment remplir les permis gouvernementaux.

Peut-être travaillent-ils réellement sur la demande, peut-être pas, mais s’ils le font, ils traînent les pieds. Se pourrait-il qu’ils attendent que Tokitae meure et qu’ils apparaissent comme le trio d’anges qui ont “tout” fait pour la sauver ?

J’ai du mal à croire que le plus grand esclavagiste de cétacés au monde, Eduardo Albor, ait la moindre compassion pour l’une de ses prisonnières.

Je ne crois pas non plus qu’il soit possible de réintroduire une orque de plus de 50 ans dans un groupe dont elle a été enlevée à l’âge de 4 ans. Imaginez un enfant capturé et détenu dans une prison pendant un demi-siècle, puis ramené dans une famille qui l’a oublié. Elle ne peut même pas parler la même langue. Elle sera une paria. Les vingt millions devraient être consacrés à la construction de l’enclos le plus grand et le plus confortable possible pour qu’elle y vive ses derniers jours.

Et pendant que cette mascarade se poursuit, des milliers de globicéphales et de dauphins anonymes sont sauvagement massacrés dans les îles Féroé et à Taiji, au Japon, et des centaines de rorquals communs en voie de disparition évolue sous la menace d’une nouvelle chasse en Islande, sans compter les centaines de baleines que la Norvège et le Japon ciblent et harponnent.

Comme l’indique le courriel ci-dessous, rédigé par Rachel Hager de la NOAA, en date du 23 juillet, aucune demande de permis n’a été déposée.

Paul Watson

Fondateur de Sea Shepherd

Fondateur de Captain Paul Watson Fundation