Alors que le lancement de la troisième édition de l’Opération Dolphin Bycatch est imminent (mission de protection des dauphins dans le golfe de Gascogne), le premier ministre Edouard Philippe vient de publier un communiqué faisant état de ses solutions pour enrayer le carnage qui met en péril la survie de la population de dauphins du golfe de Gascogne.

Extrait du communiqué :
“Pour accentuer la protection des océans, dans la prolongation de son intervention à la COP à Madrid une semaine plus tôt, le Premier ministre a adopté des plans nationaux de protection des cétacés (…). Dès l’année prochaine, il sera interdit d’approcher les cétacés à moins de100m dans les zones protégées, et les engins de pêche devront être munis de dispositifs de dissuasion acoustique pour éviter les captures accidentelles dans le Golfe de Gascogne”.

Réaction de Lamya ESSEMLALI, Présidente de Sea Shepherd France et Responsable de l’Opération Dolphin Bycatch :

La question des répulsifs acoustiques revient régulièrement sur le tapis depuis plus de 15 ans. Donc rien de nouveau ici mais surtout, le premier ministre a-t-il seulement conscience qu’en plus des chalutiers, des centaines de navires fileyeurs et de nombreux senneurs sont potentiellement impliqués dans les captures de dauphins ?? Mis bout à bout, ce sont des milliers de kilomètres de filets qui sont déployés chaque jour dans le Golfe de Gascogne. S’il s’agit de tous les équiper en répulsifs acoustiques, la pollution sonore de cette partie d’océan deviendra intenable pour toute la vie marine. Par ailleurs, les dauphins évoluent dans cette zone pour une raison simple, ils cherchent à se nourrir. Les répulsifs acoustiques ne sont ni plus ni moins qu’un moyen d’éloigner les dauphins de leur zone de nourrissage pour nous laisser le loisir de prendre tout le poisson. En faisant cela, nous compromettons encore davantage leurs chances de survie.

Enfin, si certains se réjouissent que les répulsifs acoustiques aient réduit les captures accidentelles sur certains navires, force est de constater que ces trois dernières années le nombre de dauphins tués explose littéralement dans le golfe de Gascogne avec chaque nouvelle année plus macabre que la précédente. 2019 bat tous les records de dauphins tués depuis 30 ans et on trouve le moyen de se féliciter. Un comble.

Si l’ambition affichée par le gouvernement de protéger les cétacés est réelle, il n’y a pas d’autre solution que celle d’interdire les méthodes de pêche non sélectives des zones où évoluent les espèces protégées. Il est temps d’arrêter de nous présenter les vieilles demi-mesures poussiéreuses et inadaptées comme “une nouvelle feuille de route”. Le temps presse, il s’agit de devenir un peu sérieux. La France n’est pas à la hauteur de l’enjeu, elle sacrifie les dauphins au secteur de la pêche et il va devenir difficile pour le gouvernement de continuer à sauver les apparences.