Le week-end dernier nous communiquions sur l’intervention du sous-préfet de Saint-Malo pour empêcher Sea Shepherd France d’organiser un week-end de visites à bord du navire John Paul DeJoria, engagé depuis plusieurs semaines sur une mission portant sur les chalutiers-usines géants qui pillent notamment les eaux territoriales françaises.
Suite à cette intervention du sous-préfet et après que nous avons essayé de débloquer la situation auprès des services de l’État sans succès, nous avons décidé de communiquer et avons lancé une cagnotte pour compenser les dons que nous n’avons pas pu recueillir suite à cette discrimination. La cagnotte a suscité une belle mobilisation et a permis de récolter plus de 12 000 euros et a donc dépassé l’objectif affiché de 10 000 euros.
Lundi 26 février, le journaliste Pierre Momboisse revient sur la polémique dans Ouest-France mais ne juge pas utile de nous consulter pour avoir notre version des faits. Il relaie unilatéralement les propos du sous-préfet, Philippe Brugnot, qui nie être intervenu et qui se prétend « étonné » puisque d’après lui, seule la Capitainerie décide de l’attribution des places au port.
Monsieur Mombroisse conclut son article de la sorte : « L’ONG n’a pas donné suite (à la proposition de la Capitainerie d’avoir un quai non public) et a décidé de ne pas venir à Saint-Malo. La cagnotte en ligne de cette annonce a, quant à elle, bien fonctionné, puisque Sea Shepherd a collecté plus de 12 000 euros ». De tels propos laissant supposer que nous aurions manipulé la vérité pour collecter des dons sans même chercher à nous joindre, enfreint toutes les règles déontologiques de journalisme et nous avons demandé un droit de réponse à Ouest-France.
Que s’est-il réellement passé ? La chronologie des faits
Notre capitaine fait une demande d’accès le 19 février après-midi via l’agence Humann & Taconet.
A 17h56, nous recevons un mail avec tarifs et proposition des postes V1 ou V2 dans le bassin Vauban.
Confirmation à 22h29 le même jour que les postes V1 ou V2 étant sur un quai public, nous pourrions faire des visites du bateau.
20 février 09h06. Confirmation auprès de notre agent de notre désir de rentrer au port ce même jour dans l’après-midi aux conditions évoquées ci–dessus.
09h47 : Confirmation par l’agent d’une entrée possible dans l’écluse à 15h25 mais probablement pas sur un quai public finalement.
11h27 : Confirmation par l’agent du quai offert dans le bassin Jacques Quartier sur un quai commercial et donc fermé au public.
On nous informe que le sous-préfet est intervenu et n’est pas favorable à la présence d’un bateau de Sea Shepherd France sur un quai public afin de ne pas froisser la Compagnie des Pêches de Saint-Malo que l’ONG point du doigt pour la démesure de ses navires de pêches. L’entreprise vient notamment d’affréter le plus grand chalutier du monde que Sea Shepherd France a filmé en mer quelques jours auparavant.
Dans l’intervalle, nous faisons remonter le problème à Monsieur David Harel, nouveau directeur adjoint de cabinet du Secrétaire d’État chargé de la Mer et de la Biodiversité Hervé Berville, ayant la charge des sujets « mer ». Ce dernier nous affirme avoir fait passer le message et alerté la délégation à la mer et au littoral (DML) d’Ille-et-Vilaine, qui est alors censée revenir vers nous.
14h33 : Nous demandons à l’agent un devis pour un remorqueur afin d’assister notre amarrage car nous venons de découvrir un problème sur un de nos moteurs.
Contrairement à ce que prétend le sous-préfet dans l’article de Ouest-France, la décision de nous mettre sur un quai non accessible au public n’a donc rien à voir avec notre problème technique puisque :
1-le port n’a été informé qu’après que le quai a été confirmé.
2- Nous-mêmes n’avons découvert le problème technique qu’en milieu de journée soit après confirmation de l’emplacement.
Si l’agent avait prévenu que le port était bien plein, on nous aurait néanmoins proposé directement un quai public car il restait tout de même des places comme cela s’est confirmé par la suite. Par ailleurs les navires de maintenance des champs éoliens n’ont aucun besoin d’occuper des places sur un quai public.
Nous n’avons jamais été recontactés par Monsieur David Harel et ses équipes, malgré son engagement à le faire ; nous ne pouvons que déplorer son manque d’efficacité tout en restant dubitatifs sur la circulation de l’information entre le cabinet du Ministre et les services déconcentrés de l’État en Île et Vilaine , d’autant plus quand on sait que Monsieur Harel a été directeur adjoint, délégué à la mer et au littoral de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) d’Ille-et-Vilaine.
Enfin, nous déplorons plus que tout le manque de courage du sous-préfet Monsieur Philippe Brugnot qui n’assume pas être intervenu pour nous priver d’un accès au quai public et surtout sa tentative déplorable d’utiliser l’excuse d’une avarie sur l’un de nos moteurs survenue après coup, pour tenter d’expliquer la situation. Avarie moteur qui n’était d’ailleurs pas un facteur bloquant.
Nous déplorons également l’article à charge de Monsieur Momboisse qui n’a pas jugé utile de nous contacter pour confronter les prétextes évoqués par le sous-préfet et qui dans sa conclusion, laisse penser que nous serions à l’origine du refus que nous dénonçons.
Nous remercions en revanche la Région Bretagne, le Port de Saint Malo pour leur volonté de nous accueillir et nous remercions chaleureusement l’ensemble de nos sympathisants pour leur soutien et leur participation à la cagnotte. Nous retenons que, puisque Monsieur le sous-préfet n’a visiblement et officiellement aucun problème à voir un navire de Sea Shepherd France sur un quai public de Saint-Malo, ce genre de polémique ne devrait pas se répéter à l’avenir. Et cela tombe bien car nous avons bien l’intention de revenir.