L’affaire du « Phoque d’Étretat» a été très médiatisée et a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. Elle est à notre sens symptomatique d’un problème culturel (et non scientifique), dans l’approche et l’assistance aux mammifères marins en détresse, sur le territoire français.

 

Éléments d’information sur le phoque échoué à Etretat :

Espèce : Phoque gris (Halichoerus grypus)
Lieu d’échouage : Étretat (76790), plage côté falaise d’Aval
Mâle âgé de 9 ans (espérance de vie : 25 ans)
Taille : mesure précise à 1,90m de longueur
Poids : pas de relevé précis car pas de matériel adéquat à disposition, estimation dans une fourchette large de 85 à 95 kg
Présence d’un marquage : Bague n° 3-641, nageoire postérieure gauche, bagué au centre de soins de Pieterburen, en Hollande, le Seal Rehabilitation and Research Center.

 

Chronologie des faits à Etretat :

 

Lundi 30/01/23 :

14h00

Le phoque nous est signalé par trois sympathisants, habitants d’Étretat. Il semble en difficulté manifeste. Une pelleteuse bruyante est en pleine activité à côté de lui.

15h00

Une des sympathisantes qui nous alerte nous informe qu’elle a contacté le centre de soins le plus proche, Le Chêne, et que ce dernier ne souhaite pas intervenir car l’animal serait vieux. Contacté par la Police Municipale, le centre de soins donne la même réponse. L’âge du phoque est estimé sur photos, il est considéré comme en fin de vie et jugé qu’il n’est pas pertinent de lui porter assistance. Nous tentons de joindre le centre par téléphone, sans succès.

Les personnes sur site sont désemparées et nous demandent d’aider. Nous mobilisons un de nos bénévoles, Enrique Petit, qui est titulaire d’un certificat de capacité pour les phoques et qui détient une carte verte avec autorisation de transport pour l’espèce. Monsieur Petit se met en lien avec les personnes sur site et leur rappelle avec insistance qu’un phoque adulte représente un risque réel de morsures graves et qu’il convient de rester très vigilant.

16h00

La marée monte, les personnes sur site le pensent incapable de se mouvoir correctement, il risquerait de se retrouver balloté sur les galets du bord de plage d’Etretat.

D’après les photos qui nous parviennent, le phoque paraît très amaigri, sa couche de graisse sous-cutanée paraît avoir déjà beaucoup fondue et les personnes présentes autour de lui nous confirment qu’il est apathique.

Il est impératif qu’il puisse rester au sec, ne pas se retrouver avec une fourrure détrempée à l’approche de la nuit et des températures extérieures qui vont chuter. Au vu de son état, il doit déjà être en hypothermie.

Notre capacitaire transmet quelques indications aux sympathisants, désemparés. L’objectif est de tenter un déplacement de l’animal en toute sécurité, en hauteur de plage à l’aide de boucliers, improvisés mais solides, pour se protéger les jambes de morsures ; l’idée est de contraindre en douceur le phoque à se déplacer par lui-même.

16h40

Les habitants d’Étretat avec qui nous sommes en lien constant, sont parvenus à hisser le phoque, une dizaine de mètres plus haut, à l’aide d’un grand filet. La manœuvre a été effectuée sans encombre et sans aucun signe d’agressivité de la part du phoque. Affaibli, il s’est déplacé en restant calme.

Face au refus du CHENE de prendre le phoque en charge, nous contactons la LPA de Calais. Ces derniers sont hors secteur pour le phoque et s’en réfèrent à l’avis du CHENE qui a jugé le phoque comme étant « trop vieux » pour être secouru.

En parallèle, la clinique vétérinaire de Gonneville La Mallet (76280) nous propose déjà son aide sur conseils et avec le concours d’une association spécialisée. Nos équipes Sea Sheperd reste sur place.

Photos du signalement envoyées par nos sympathisants le 30/01/2023
Photos du signalement envoyées par nos sympathisants le 30/01/23

18h00

La nuit tombe sur la plage d’Étretat, le phoque est toujours sur site, il est toujours très faible et personne, visiblement, n’interviendra sur place pour à minima réaliser un diagnostic plus précis de son état de santé réel avant toute conclusion hâtive.

19h30

Refusant de l’abandonner, les 3 personnes qui le surveillent depuis le début de journée sont déterminées à veiller sur lui et s’apprêtent à passer la nuit sur la plage. Nous leur transmettons alors la consigne de tenter de recouvrir le phoque, calmement et en sécurité, avec une couverture ou une couette épaisse dans l’objectif de le maintenir relativement au chaud.

Habitants d’Étretat passant la nuit au chevet du phoque sur la plage en attendant notre capacitaire

Nous leur faisons passer par téléphone les consignes suivantes :

  • ne pas le toucher ou le déranger de manière excessive et inutile
  • ne prendre aucun risque et veiller à toujours se tenir éloigné des mâchoires
  • se protéger des expectorations nasales et/ou buccales
  • s’équiper de gants puis se laver et se désinfecter les mains régulièrement
  • définir un périmètre permettant de le laisser au calme

Face à cette situation, notre capacitaire décide de prendre la route au départ de Priziac (56320) vers 21h00 pour rejoindre la plage d’Étretat, à 6h de là. Nous avons à ce stade trois objectifs :

  • porter assistance à cet animal en détresse, dans la mesure du possible
  • s’assurer que les personnes sur site ne prennent aucun risque de morsures et observent réellement des mesures sanitaires et comportementales appropriées
  • tenter d’obtenir un soutien vétérinaire pour un bilan concret de l’état de santé de ce phoque gris.

 

Mardi 31/01/2023 – Suivi du Phoque echoué à Etretat :

02h00 du matin

Notre capacitaire arrive sur la plage. Les trois habitants sont toujours sur site et se tiennent à l’écart du phoque recouvert d’une couette épaisse. Il est faible, déshydraté et amaigri, mais assez conscient tout de même de ce qu’il se passe autour de lui, il tourne la tête et nous suit du regard. Il n’a aucun signe d’agressivité.

La température extérieure est de 2°c, le vent est glacial. Notre capacitaire fait un premier relevé de la température corporelle du phoque : 35,6°c. Plusieurs relevés espacés dans le temps indiquent une température légèrement en-dessous des 36°c, il restera dans une fourchette de 35,6°c à 35,8°c.

Notre capacitaire ajoute plusieurs couches de couvertures pour éviter que sa température ne descende, risquant d’entraîner la mort du phoque par hypothermie.

Il demande aux personnes présentes de rentrer chez elles dormir, nous ne ferons pas grand-chose de plus à cette heure de la nuit et dans ces conditions. Il est seulement envisagé d’essayer de maintenir une température corporelle viable jusqu’au lever du jour avec l’espoir d’une intervention vétérinaire pour un diagnostic concret.

Le phoque est laissé au calme, au repos, mais sous surveillance.

04h30

Température légèrement en dessous des 36°c. Il n’a pas bougé et n’essaie pas.

06h00

Température légèrement en dessous des 36°c.

07h40

Température à 36,5°c

08h00

Notre capacitaire s’entretient au téléphone avec un vétérinaire, spécialiste des animaux aquatiques. Cet échange confirmera inévitablement un besoin urgent de prise en charge avec notamment la mise sous perfusion.

Il indique également un possible test PCR pour la détection de la maladie de Carré.

Périmètre de sécurité installé par le capacitaire Sea Shepherd

9h00

A plusieurs reprises, notre capacitaire doit aller à la rencontre de promeneurs qui ont lâché leur chien sur la plage. Il leur demande de les tenir en laisse pour éviter qu’ils ne s’approchent du phoque.
Non seulement les chiens pourraient stresser et blesser l’animal mais ils pourraient également être mordus, avec ce que cela implique de potentielle transmission de maladie aux chiens, puis à leurs propriétaires.

11h00

La température du phoque descend à 35,4°c, notre capacitaire, aidé des habitants, installe des bouillotes de fortune contre lui sous les couvertures pour tenter de le réchauffer. Sa température monte à 36,3°c. Les pompiers nous apportent deux couvertures de survie pour aider.

Nous contactons de nouveau le cabinet vétérinaire de Gonneville La Mallet pour effectuer un test maladie de Carré et éventuellement se déplacer pour tenter de perfuser l’animal sur site.

Nous ne pouvons rien faire de plus, nous ne sommes pas autorisés à déplacer l’animal, aucun des centres de soins contactés n’accepte de le prendre en charge.

L’Agent de Surveillance de la Voie Publique nous rend visite et nous indique que la municipalité a bien échangé plusieurs fois par mail avec le Réseau National des Échouages, la consigne transmise est de ne pas intervenir et laisser cet animal sur la plage. Personne du RNE ne viendra donc nous aider.

12h00

La température corporelle du phoque ne se maintient pas, elle oscille en permanence de 35,4° à 36,5°c. Les bouillotes ne fonctionnent que sur du court terme, ce n’est pas suffisant, pour autant c’est le seul paramètre sur lequel nous pouvons agir en l’état actuel des choses.

Nous demandons s’il serait possible d’approcher un fourgon au plus près du phoque avec l’objectif de le transférer à l’intérieur. L’idée étant, moteur tournant, de laisser le chauffage pour placer le phoque dans une température ambiante beaucoup plus élevée que sur la plage en attendant l’arrivée d’une vétérinaire du cabinet de Gonneville. L’ASVP acceptera de nous laisser accéder à la digue.

Un vétérinaire équin de Deauville propose également de venir sur place nous aider et se joindre à la vétérinaire de Gonneville La Mallet, elle se tient prête à nous rejoindre.

13h30

Le phoque est transféré à l’intérieur du véhicule de notre capacitaire, sur le bord de plage. La manipulation se déroule très bien. La température du phoque finit par atteindre 36.8°c assez rapidement.

Aux alentours de 14H30

Une vétérinaire du cabinet de Gonneville La Mallet arrive sur place, elle est en lien téléphonique avec Pélagis. L’idée est qu’assistée de notre capacitaire phoque, elle puisse perfuser le phoque pour le réhydrater en urgence, au moins le temps qu’un diagnostic en bonne et due forme de l’état de santé du phoque puisse être établi. Pélagis lui signifie qu’elle n’a pas le droit de perfuser le phoque pour tenter de le réhydrater et qu’elle risque des poursuites judiciaires, ne serait-ce que pour avoir aidé à placer le phoque dans le camion. Elle prendra donc la décision de ne pas intervenir pour ne pas se retrouver en difficulté. Elle repart et nous laisse démunis, une fois de plus.

15h00

Face à l’impasse dans laquelle nous nous retrouvons, nous envisageons de déplacer l’animal sur un centre de soins breton qui a également toutes les autorisations légales pour accueillir cet individu. Le vétérinaire du centre pourrait intervenir dès son arrivée. Notre capacitaire phoque est titulaire d’une carte verte qui autorise le transport de l’animal mais c’est très loin, risqué et stressant pour lui de devoir supporter 6 à 7 heures de trajet. Nous sommes désemparés d’être face à un tel choix.

La température du phoque s’élève à 37,8°c à l’intérieur du véhicule, c’est le dernier relevé effectué.

15h30

Alors qu’il s’apprête à acheminer le phoque vers le centre de soins breton qui accepte de le recevoir, 5 gendarmes interceptent notre capacitaire sur le parking de la plage, prennent son identité, immobilisent son véhicule et lui demandent d’attendre l’arrivée d’un agent de l’OFB.

Pour la fin d’après-midi

L’agent de l’OFB questionne notre capacitaire et lui demande sur la base de quelle justification il s’est permis d’intervenir sur le phoque. Notre capacitaire lui explique qu’il est capacitaire pour les soins aux pinnipèdes et lui présente également sa carte verte du Réseau National des Échouages.

Notre capacitaire explique à l’agent de l’OFB présent qu’ayant de l’expérience en matière de soins aux pinnipèdes, l’habitude du contact avec la faune sauvage de manière générale, il est apparu comme judicieux de venir porter assistance aux habitants désemparés et livrés à eux-mêmes sur la plage, au chevet de ce phoque.

Il nous paraissait effectivement indispensable qu’un(e) vétérinaire se déplace afin d’établir un réel diagnostic de l’état de santé du phoque, espèce protégée au demeurant. Son âge présenté par Pélagis et le CHENE comme étant très avancé, sur la base de simples photos, ne nous paraissait pas répondre aux critères d’un diagnostic sérieux. Nous avons refusé de nous en contenter.

Ainsi pendant plus de 24 heures, une évaluation de l’âge de l’individu au doigt mouillé sur la base de photos a conduit à la décision de ne pas intervenir. Ce phoque dans la force de l’âge était présenté par le RNE comme un individu en fin de vie, venu mourir de sa belle mort, pour lequel toute intervention serait non seulement inutile, mais génératrice de stress.

 

Epilogue

Face à la pression médiatique, la préfecture finit par donner ordre au centre de soins local d’accueillir le phoque. Notre capacitaire le conduit avec son véhicule, accompagné par l’OFB et la gendarmerie. Sur place, des lampes chauffantes sont installées pour lui. Il est enfin mis sous perfusion pour réhydratation en urgence.

Il aura fallu 2 jours entre le premier signalement du phoque en détresse échoué sur la plage et sa prise en charge par une structure de soins. Une énorme pression de l’opinion publique et des médias aura été nécessaire pour que cet animal bénéficie d’un diagnostic vétérinaire et d’une tentative d’assistance. Deux jours à agoniser sur la plage et des chances de survie qui s’amenuisent d’autant plus. Il meurt au centre de soins le lendemain de sa prise en charge.

 

QUE FAUT-IL RETENIR DE CETTE AFFAIRE DU PHOQUE?

Sur l’état de santé du phoque

Il apparait absolument inacceptable que ce phoque en grande détresse, n’ait pas pu bénéficier d’un réel diagnostic de son état de santé afin que la meilleure décision soit prise. La décision du RNE de ne pas intervenir n’a rien de scientifique. Déterminer l’âge d’un phoque d’étretat et décréter sur photo qu’il est trop vieux, n’est pas un protocole vétérinaire.

S’il existe des difficultés logistiques de prise en charge d’un phoque adulte, cela peut s’entendre mais cela doit être clairement explicité dès le départ afin que l’on puisse y remédier. Décréter qu’un phoque est « vieux et condamné » parce qu’il est trop compliqué de l’acheminer vers un centre de soins, n’est pas acceptable dans un pays comme la France. Ce phoque très affaibli a été laissé à 20 mètres d’une pelleteuse à chenille en plein travail sur la plage, il a agonisé dans le froid pendant deux jours, exposé au bruit de cette machine et dans l’indifférence totale de ceux qui ont pourtant le monopole de l’intervention sur les échouages en France.

 

Sur la sécurité des personnes

Les risques de morsures et de potentielle contamination des personnes par un phoque malade sont réels. Raison de plus pour prendre la situation en main et ne pas laisser les habitants livrés à eux-mêmes. Est-il normal que des citoyen(ne)s passent seul(e)s la nuit sur la plage à veiller sur un phoque en détresse qu’aucune structure de soins n’a voulu venir voir ? Il est totalement irresponsable de laisser une telle situation se produire. C’est Sea Shepherd qui donnait à distance les consignes de sécurité aux personnes, puis qui, une fois sur place, a mis en place un périmètre de sécurité et a coordonné la situation. Nous avons fait un travail pour lequel nous ne sommes effectivement pas mandatés, comme se plait à le rappeler Pélagis sur son site Internet. Le problème est que nous n’avons pas eu le choix puisque ceux qui auraient dû assumer cette tâche ont décidé de ne pas le faire.

 

Sur ce que dit la science

Nul besoin d’être scientifique ou capacitaire pinnipède comme notre bénévole pour savoir qu’il n’est pas possible d’établir un diagnostic et une estimation sérieuse de l’âge et de l’état d’un animal sur la base de photos prises à distance sur la plage.

La science repose sur des éléments factuels, biologiques. Or, la décision de ne pas intervenir dans ce cas a été motivée uniquement par le fait qu’il a été jugé compliqué et dangereux de manipuler un phoque adulte. Ce sont donc des critères logistiques et un manque de volonté qui ont déterminé un choix présenté à tort, comme scientifique.

Cette complexité logistique aurait dû être annoncée dès le départ, afin que l’on puisse y remédier, pour ce phoque spécifique, mais également à l’avenir. Doit-on présumer que la France est incapable de venir en aide à un phoque adulte, quelle que soit sa situation ? Encore une fois, ce qui est présenté comme une fatalité par certains scientifiques français, a depuis longtemps été surmonté à l’étranger, par des scientifiques experts dans l’assistance et le soin aux mammifères marins. (voir exemple en fin de rapport).

Par ailleurs, si le stress est indéniable lors d’une intervention humaine sur un animal sauvage, cela est vrai pour l’ensemble des animaux qui sont pris en charge à longueur d’année par les centres de soins. Tout l’intérêt consiste à estimer au mieux la balance bénéfice/risque pour l’animal. Générer du stress à un animal qui va indéniablement mourir si on n’intervient pas peut se justifier. Dans le meilleur des cas, l’intervention se fait pour secourir, soigner, puis relâcher. Dans le pire des cas, elle se fait pour abréger les souffrances d’un animal qui agonise lentement sans aucune chance de rétablissement. Pour en juger encore une fois, il est indispensable de réaliser un diagnostic sérieux, sur place, auprès de l’animal concerné. Étape de base que les personnes mandatées par l’État ont non seulement refusé de faire pour ce phoque, mais nous ont également empêché de faire.

 

Les protocoles et les efforts scientifiques déployés à l’étranger

Parfois, comme dans le cas présent et d’autres auxquels nous avons été confrontés ces derniers mois, ce qui est avancé comme une vérité scientifique, visant à justifier une non-intervention, tient plus à la culture, à l’habitude et à une approche historiquement focalisée sur la dynamique des populations, faisant peu de cas des individus. Force est de constater qu’en France, il n’est pas dans la culture de l’organisme en charge des échouages, de déployer beaucoup d’efforts pour porter assistance aux mammifères marins en détresse. Si un tel état d’esprit ne pose pas de problème pour les échouages des animaux morts (qui représentent l’écrasante majorité des échouages), cela pose en revanche de sérieuses questions pour la prise en charge des individus vivants, qui nécessitent une assistance avant relâché. Un simple coup d’œil outre-Atlantique et outre-Manche, sur ce qui peut être mobilisé comme efforts et comme structures d’accueil et de soins aux cétacés notamment, montre le gouffre abyssal entre notre pays et d’autres, sur lesquels nous ferions bien de prendre exemple. Tout reste à faire et il convient de faire preuve d’humilité et de s’inspirer de ceux qui font plus et mieux que nous, plutôt que de clouer au pilori une ONG qui refuse de rester apathique face à la détresse d’individus pour lesquels des efforts de sauvetage devraient être déployés. C’est le 4ème cas en 8 mois, où nous sommes confrontés à cette apathie et ce blocage de la part de scientifiques français qui décrètent avoir le monopole sur le sujet mais qui pensent et agissent aux antipodes de ce qui est fait par leurs confrères anglo-saxons et tentent de bloquer tout effort extérieur à leur propre réseau. C’est extrêmement problématique.

 

Contraste avec l’approche scientifique en Angleterre sur un cas similaire 1:

Le 3 octobre 2022, à Kilnsea, un phoque adulte échoué et visiblement très affaibli, amaigri et refusant de se remettre à l’eau, est signalé au centre de soins le plus proche. Le vétérinaire du centre se rend sur site et diagnostique un animal léthargique et déshydraté, d’âge moyen et d’environ 70 kg. Il semble également souffrir de légères lésions neurologiques. Les vétérinaires du centre décident de transporter l’animal vers la clinique de soins pour le mettre à l’abri des perturbations humaines sur la plage. Les équipes de la clinique en question sont équipées du matériel nécessaire au transport des phoques adultes et elles parviennent sans difficulté à le hisser dans le véhicule.

Une fois à la clinique, l’état de santé du phoque est hélas jugé sans espoir. Très amaigri, affaibli, les dents cassées et atteint d’une dégénérescence des tissus oculaires des deux yeux, il est décidé par les vétérinaires spécialistes des mammifères marins de l’aider à partir. Le phoque est donc euthanasié. Dans le rapport de l’intervention on peut lire : « C’est une triste fin pour ce grand mâle, mais au moins il ne souffre plus et il est passé paisiblement dans un autre grand océan ».

Quand les scientifiques savent ajouter à l’approche populationnelle, l’empathie pour les individus, ils n’en deviennent que plus légitimes, inspirants et plus humains. Ils savent alors faire de ces cas individuels, des ambassadeurs pour leurs populations et contribuent à l’éveil des consciences. En tant qu’ONG de protection des populations et des habitats marins, nous avons à cœur de ne pas négliger l’importance de ces échouages de mammifères marins en détresse. Au-delà de leur cas individuel, ces animaux servent une cause plus grande que la leur. Les anglais l’ont visiblement bien compris. En France, la route semble encore longue.

 

A Kilnsea, un phoque adulte échoué

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