Communiqué de presse / 08 décembre 2023.


Mardi 28 novembre, le secrétaire d’Etat chargé de la mer, Hervé Berville affirmait sur France 2 devant 2 millions de téléspectateurs, que les chalutiers géants (dont une majorité de néerlandais) ne pêchent pas dans les eaux territoriales françaises.

Sur la semaine du 4 décembre, nous avons compté jusqu’à neuf chalutiers géants (plus de 80 mètres), pêchant simultanément dans la Manche, dont six en eaux françaises. 

Lancée il y a une quinzaine de jours, la mission “Ocean Killers 3” de Sea Shepherd France en collaboration avec la Captain Paul Watson Foundation a pour but de documenter la présence de ces navires géants au large des côtes françaises.

S’accaparant la majorité des quotas de pêche et des subventions publiques, ces navires sont capables de relever en un coup de chalut d’une heure, une quantité de poissons équivalant au repas journalier de 30 000 phoques.

En 24 heures, un navire comme le Afrika (navire néerlandais de 126 mètres) a mené 6 opérations de pêche sur une zone très restreinte de la Manche, à moins de 12 milles des côtes de Boulogne-sur-Mer, dans les eaux territoriales françaises.  

Devant le déni politique et l’opacité ambiante sur cette problématique, il nous apparait essentiel d’alerter le grand public et de questionner la légitimité de ces navires géants qui pillent les frayères de harengs et autres poissons pélagiques. Ces navires sont soupçonnés par les scientifiques de causer des déséquilibres majeurs dans les écosystèmes marins.

Aux côtés des mammifères marins, les oiseaux font partie des premières victimes de ces flottes de pêche aux moyens disproportionnés. En effet, plus de 70% des oiseaux marins ont été exterminés par la pêche ces 50 dernières années, victimes des captures “accidentelles” et d’une forme de concurrence déloyale qui menace leur capacité à se nourrir.

Sur nos images, des milliers d’oiseaux s’agglutinent au dessus des chaluts remplis de poissons, essayant tant bien que mal de récupérer quelques restes. Nous avons également filmé des fous de bassan, pendus par le cou dans les câbles du navire géant Scombrus.  

Il est crucial et urgent de mener des études scientifiques  sérieuses  et indépendantes  pour mesurer l’impact de ces navires géants sur l’écosystème marin, sur les capacités à se nourrir pour les prédateurs qui dépendent des proies visées par ces navires et enfin, sur l’impact pour les pêcheurs côtiers, contraints de pêcher davantage pour être rentables

Lamya Essemlali

Présidente de Sea Shepherd France