Après avoir effectué une patrouille secrète de 20 jours ayant entraîné l’arrestation de trois navires pour crimes de pêche, le navire Ocean Warrior de Sea Shepherd est arrivé à Dar es Salaam pour lancer officiellement l’Opération Jodari, une campagne en partenariat avec le gouvernement de la République-Unie de Tanzanie pour lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) dans l’ouest de l’Océan Indien.[su_image_carousel source=”media: 1874,1875,1876,1877,1878,1879,1880,1881,1882,1883,1884″]

Au cours des trois dernières semaines, des agents des forces de l’ordre accompagnés de l’Autorité des pêches en eau profonde, de la marine tanzanienne et de l’équipe d’intervention inter-agence (MATT) ont été secrètement postés à bord de l’Ocean Warrior et ont collaboré avec le capitaine Adam Meyerson et l’équipage de Sea Shepherd pour patrouiller dans les eaux territoriales de Tanzanie. Les forces de l’ordre ont autorité pour monter à bord, inspecter et arrêter les navires qui enfreignent la loi du pays. L’équipe de travail de la MATT est dirigée par la police tanzanienne et comprend les services forestiers tanzaniens, la division de la faune, la division des pêches et les services de renseignement et de sécurité tanzaniens. Elle a été constituée pour s’attaquer aux individus et aux réseaux qui contrôlent la criminalité environnementale dans la région et le commerce illégal d’espèces sauvages.

L’Opération Jodari vise à contrôler tous les bateaux qui opèrent dans les eaux de Tanzanie, à aborder ceux qui sont suspectés de pêche INN et à former les agents tanzaniens au suivi, au contrôle et à la surveillance (MCS) des activités de pêche en eaux tanzaniennes, y compris l’inspection des bateaux de pêche et les procédures d’abordage.

La première patrouille de l’Opération Jodari, a permis neuf abordages et inspections, qui ont conduit à trois arrestations :

I. Le F/V Tai Hong 1, sous pavillon chinois, a été découvert avec à son bord une cargaison d’ailerons de requins qui excédait largement les cinquante carcasses de requins présentes. D’après la loi tanzanienne, le nombre d’ailerons de requins doit correspondre au nombre de corps de requins. Les douze pêcheurs tanzaniens travaillant à bord du bateau s’étaient vu refuser l’eau et la nourriture par le capitaine et partageaient un petit espace non ventilé avec seulement deux lits, obligeant les autres à dormir au sol l’un sur l’autre.

II. Le F/V Buah Naga 1, sous pavillon malaisien, a été découvert en possession d’ailerons de requins. Les corps avaient été rejetés en mer. Un pistolet Beretta 9 mm non déclaré a été trouvé dans la cabine du capitaine. L’équipage indonésien a informé les autorités tanzaniennes que le capitaine les forçait régulièrement au travail en les menaçant avec ce pistolet. Si aucun poisson n’était remonté, l’équipage n’était pas nourri.

III. Le F/V Swabir Jamil, sous pavillon tanzanien, a été pris en train de pêcher dans les eaux territoriales tanzaniennes sans licence. Ce bateau transportait des ailerons de requins.

Les F/V Tai Hong 1, F/V Buah Naga 1 et F/V Swabir Jamil ont été escortés vers des ports tanzaniens en vue de poursuites judiciaires pour pêche aux ailerons de requins et abus de main-d’œuvre.

L’exploitation au travail est monnaie courante dans l’industrie de la pêche en haute mer, où l’équipage est obligé de travailler de longues heures, pour peu ou pas de salaire, et parfois sous la menace de la violence. La Tanzanie ouvre la voie en enquêtant sur ces bateaux de pêche, non seulement pour leurs crimes de pêche, mais aussi pour les délits collatéraux, tels que les abus de main-d’œuvre, qui rendent possible la pêche illégale“, a déclaré le capitaine Peter Hammarstedt, directeur des campagnes de Sea Shepherd.

On estime que la pêche INN est responsable de la capture de 11 à 26 millions de tonnes de poisson chaque année dans le monde. Les pays en développement sont particulièrement vulnérables à la pêche INN et la région occidentale de l’Océan Indien perd environ 1 milliard de dollar annuellement au profit de la pêche INN.

L’Opération Jodari est soutenue par Fish-i-Africa, un partenariat de huit pays d’Afrique de l’Est dont les Comores, le Kenya, Madagascar, l’Ile Maurice, le Mozambique, les Seychelles et la Somalie qui encouragent le partage d’information et la coopération régionale dans la lutte contre la pêche illégale à grande échelle dans l’ouest de l’Océan Indien.

L’Opération Jodari est le quatrième partenariat entre Sea Shepherd et les Etats côtiers d’Afrique qui ont la volonté politique de mettre un terme à la pêche INN.

Depuis février 2017, dans le cadre de l’Opération Sola Stella, Sea Shepherd aide le gouvernement du Liberia à lutter contre la pêche INN en mettant à disposition son bateau de patrouille civile dans les eaux libériennes, sous la direction du Ministre libérien de la Défense Nationale. L’Opération Sola Stella a permis l’arrestation de dix navires pour pêche INN.

En 2016 et 2017, Sea Shepherd s’est associée avec les gouvernements du Gabon et de São Tomé et Príncipe pour l’Opération Albacore, donnant lieu à 80 inspections de navires en mer et l’arrestation consécutive de cinq chalutiers congolais et un palangrier espagnol INN.

L’Opération Jodari s’inscrit dans le prolongement de l’engagement de Sea Shepherd à travailler activement avec les gouvernements nationaux et leurs agents chargés de l’application de la loi dans la lutte contre la pêche INN.