L’URGENCE D’UN PROTOCOLE CLAIR ET DE FORMATIONS POUR TOUTES LES STRUCTURES COMPÉTENTES EN FRANCE

Ces derniers mois, nos équipes ont noté une nette augmentation des signalements de nos sympathisants au sujet de mammifères marins se rapprochant des côtes, seuls, semblant parfois désorientés ou fatigués et allant jusqu’à s’échouer.

Les suites données à ces signalements n’ont fait que montrer l’absence de protocole clair et efficace pour toutes les structures compétentes et pour les différents acteurs locaux souvent en première ligne.

Pour exemple, le dauphin signalé au niveau de l’écluse du port de Morlaix le 24 août dernier:

Le dauphin nous est signalé dans la rivière de Morlaix le 24 août au soir par une sympathisante. Il a été aperçu dans l’après-midi. Il est seul, peu énergique et tourne en rond à quelques mètres de la porte de l’écluse du port de plaisance de la ville. N’étant pas sur place et ayant reçu le signalement en soirée, il a été particulièrement complexe d’obtenir plus d’informations pour évaluer concrètement l’urgence de la situation mais nous n’avons pas remis cette mission au lendemain. Il était important pour nous de nous assurer que le dauphin n’était pas en danger immédiat avec le peu d’éléments dont nous disposions.

Jusqu’à 3h00 du matin nous échangerons avec le peu d’interlocuteurs disponibles, à savoir, le commissariat de Morlaix, notre sympathisante retournée sur place à 1h30 du matin pour confirmer la présence du dauphin et un pompier qui fera également le déplacement. Ce dernier nous indique ne pas être formé pour ce type d’intervention. Océanopolis sera alors prévenu. Nous sommes informés qu’ils interviendront le lendemain matin.

Tôt le lendemain matin, les pompiers retournent sur zone. Le dauphin est toujours là. Nous contactons Océanopolis pour connaître l’heure de l’intervention. Notre interlocutrice nous confirme que le dauphin a bien été signalé la veille mais nous indique que ce sont aux pompiers de mener cette opération, qu’ils peuvent les guider mais ne peuvent pas intervenir. Nous informons le pompier car aucune opération ne pourra s’organiser si chaque structure pense que l’autre va intervenir. Ce dernier est surpris car ce n’est pas ce qui a été convenu dans la nuit. Nous ne pouvons que constater l’absence de protocole clair et de formation adaptée pour les structures censées agir.

dauphin morlaix signalements

Photo de notre sympathisante, aux portes de l’écluse de Morlaix dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 août

Les pompiers s’organisent donc pour intervenir dans la matinée du 25 août, guidés par Océanopolis. Pélagis répond à notre signalement envoyé la veille au soir et nous indique qu’un correspondant du RNE est sur place. Nous demandons son contact pour avoir davantage de précisions mais nous ne l’obtiendrons pas. Nous apprendrons par un message d’Océanopolis puis par un mail de Pélagis que l’opération est terminée et que le dauphin a été raccompagné au large.

Après quelques appels auprès de la Mairie, de Morlaix Communauté et de l’Office du tourisme nous aurons de nouveaux éléments appuyant l’urgence de mettre en place ces protocoles. Les acteurs locaux et professionnels du tourisme sont parfois en première ligne pour recueillir les signalements et sont très peu informés des suites à donner ni quelles sont les structures à contacter.

Nous saurons alors que le dauphin a été aperçu et signalé dès le jeudi matin avec ce même comportement au même endroit. Il y était encore l’après-midi. Pourtant, aucune veille, aucune surveillance n’a été mise en place au cours de la journée ni de la soirée alors que le dauphin était toujours là à tourner en rond.

Par un article du Télégramme, nous apprendrons qu’après l’opération des pompiers, le dauphin s’est échoué (encore vivant) à proximité de Locquénolé vers 14h30 et qu’aux alentours de 17h00, la rédaction du journal a été informée qu’il n’a pas survécu.

Les raisons sont encore inconnues. 

« Les incursions des dauphins sont fréquentes », « cette situation est fréquente en été dans cette zone » « ce n’est pas exceptionnel de voir des dauphins à cet endroit ». Voici ce que nous entendons régulièrement quand nous partageons les signalements reçus. Faut-il qu’un cas soit exceptionnel ou le devienne pour qu’à minima une veille et une surveillance soient mises en place ? Particulièrement dans ce cas où les signalements font part d’un dauphin seul et visiblement fatigué dès le jeudi matin. 

Le grand public et les acteurs locaux ont à cœur d’aider autant que possible. En témoigne notre sympathisante que nous remercions pour s’être déplacée en pleine nuit ainsi que la personne de l’office du tourisme qui était plus que désireuse de savoir qui contacter si la situation devait se représenter (et pour qui la présence et le comportement de ce dauphin seul n’avaient rien de fréquents).

Le cas du dauphin de Morlaix n’est malheureusement pas anecdotique. Nous l’avons expérimenté à plusieurs reprises via les signalements reçus mais aussi directement sur le terrain. Le 14 septembre prochain, nous participerons à la toute première réunion du Groupe de travail national sur les mammifères marins « en détresse » organisée par le Ministère de la Transition écologique. L’urgence de former un véritable réseau de collaboration, de veille et d’intervention 24/24 et 7/7 n’est plus à démontrer. Nous remercions le Ministère pour la tenue de cette réunion. 

dauphin morlaix

Dauphin signalé aux portes de l’écluse de Morlaix jeudi 24 août après-midi