Une trentaine de pêcheurs du Guilvinec se sont rendus aujourd’hui au domicile de Lamya Essemlali, Présidente de Sea Shepherd France pour déverser une centaine de caisses de poissons (vides) devant sa maison et dans son jardin, en protestation contre “les diktats de l’ONGs” comme l’écrit le Télégramme.

“J’ai eu encore la bonne surprise d’avoir la visite d’une trentaine de pêcheurs ultra remontés aujourd’hui qui considèrent que Sea Shepherd France, est en train de causer leur mort. Dès que j’ai appris qu’ils venaient, j’ai pris la route pour la maison. En arrivant sur place, ils étaient en train de déverser leurs caisses, les gendarmes étaient présents ainsi qu’un journaliste du Télégramme. Beaucoup de choses ont été dites qui sont très révélatrices de l’ampleur du malentendu entre pêcheurs et écologistes.

  1. Nous sommes fermés à la discussion, nous les jugeons sans les connaitre et sans jamais avoir cherché à les rencontrer
  2. Nous sommes financés par les gros industriels pour contribuer à la mort de la petite pêche.
  3. Sea Shepherd veut la mort de toute forme de pêche (notre participation récente a la Journée Mondiale pour la Fin de la Pêche a suscité beaucoup de tensions et de malentendus – ce qu’on peut comprendre)
  4. Il y a de plus en plus de dauphins, ils n’ont pas de prédateurs donc ça va, heureusement que les pêcheurs sont là pour réguler…
  5. Notre communication est injuste et fait passer les pêcheurs pour des criminels

Sur tous ces points, il est essentiel qu’on arrive à se parler en direct avec les pêcheurs, sans passer par le Comité des Pêche qui nous exclut systématiquement, qui empêche tout échange et toute collaboration. Depuis 6 ans, le CNPM bloque tout, nie tout en bloc et en même temps, nous diabolise.

La discussion avec les pêcheurs a été houleuse, surtout au début et si avec certains, la communication s’avère compliquée, avec d’autres, il y a de vraies possibilités d’avancer. Dès lors qu’ils ne sont pas dans le déni sur le fait qu’il y a un problème réel avec les captures de dauphins, qu’il faut qu’on trouve des solutions ensemble, les solutions adaptées, efficaces et justes pour tous. Ca n’est possible que s’ils jouent le jeu de la transparence et qu’on arrive à se mettre autour d’une table, ce qu’on a jusqu’ici jamais réussi à faire. Ils verront alors que même si on n’est pas d’accord sur tout, on a des objectifs communs (avec ceux qui veulent garder une mer vivante) et surtout on a des ennemis communs qui se délectent de nous voir nous confronter. Pendant ce temps, là, ils sont tranquilles. Diviser pour mieux régner, la devise marche à plein régime.

J’ai dit dans l’échange “Je ne vais pas vous mentir, je ne vais pas être hypocrite avec vous. Je n’aime pas la pêche. Mais on ne met pas tous les pêcheurs dans le même panier et surtout, on veut avancer avec vous et trouver les solutions avec vous.” Le journaliste du Télégramme qui a fait l’article en lien résume notre échange où j’ai répondu aux 5 points d’incompréhension cité plus haut à ceci : “Pour toute réponse ils n’ont obtenu qu’une réponse sans équivoque de la part de la Présidente “Je n’aime pas la pêche”.

Ce journaliste pyromane qui ne signe pas son article mais qui engage la responsabilité du Télégramme, joue un jeu dangereux, déontologiquement douteux et contre productif pour tous.

La vérité, c’est que si cette incursion chez moi pour nous mettre la pression est très désagréable, elle a au moins eu l’avantage de provoquer une rencontre. J’ai pu avoir des échanges vraiment intéressants avec certains des pêcheurs présents, nous avons échangé nos numéros pour organiser une vraie rencontre, avec le plus de pêcheurs possibles (ceux qui sont capables de discuter sans me dire que je pollue avec mon téléphone portable ou que les dauphins sont à réguler comme on régule les sangliers) ,nous mêmes et si possible, les scientifiques. Nous organiserons ça prochainement avec toutes les personnes volontaires.

La suite reste à écrire avec les pêcheurs qui ont compris que nous ne sommes pas leurs ennemis.

Je remercie toutes les personnes qui sont gentiment venues aider à débarrasser les caisses, à la commune pour sa réactivité et aux gendarmes.

Merci de rester courtois dans les commentaires, du côté pêcheurs et du côté de nos sympathisants. Essayons de faire en sorte qu’il ressorte quelque chose de positif de toutes ces tensions.”

Lamya Essemlali