Une vidéo prise le dimanche 20 août au matin par une personne présente sur la plage de Fort-Bloqué, montre le bébé phoque encore alerte sur le sable.

Entre ce moment-là et celui de sa mort, malgré l’augmentation progressive de la température et l’affluence croissante des vacanciers sur la plage rendant le retour de sa mère improbable, malgré son affaiblissement progressif et la marée haute prévue de nombreuses heures plus tard, rien n’est entrepris pour lui venir en aide.

Cette inaction qui interroge et qui choque découle des directives très strictes données par Pélagis à la mairie de Ploemeur.

Pélagis, mandataire exclusif de l’État en matière d’échouages de mammifères marins, a en effet ordonné que personne ne s’approche du bébé dans l’attente passive de la prochaine marée haute, sans aucun diagnostic ni prise en compte du contexte.

Pourtant le protocole sanitaire et la directive ministérielle exige l’intervention d’un correspondant du RNE (Réseau National Echouages) l’établissement du statut sanitaire de l’animal et sa prise en charge si cela s’avère nécessaire, ce qui de toute évidence était le cas pour ce très jeune phoque d’à peine quelques semaines.

Les réponses de Pélagis à nos demandes d’explication sont insatisfaisantes.

Il ne s’agit pas là du premier cas de figure où un non-respect du protocole érigé par le Ministère de la Transition Écologique, entraine la mort d’un individu dont les chances de survie auraient pu être augmentées ou dont les souffrances auraient pu être abrégées. Nous l’avons déjà trop expérimenté. Face à l’habituelle absence de remise en question de Pélagis, rien ne laisse présager d’amélioration à l’avenir. Nous avons cette fois décidé de déposer un recours afin de faire la lumière sur ce qui s’est passé.

Nous remercions toutes celles et ceux qui étaient présents sur la plage ce jour- là de nous envoyer leur témoignage.

Notons que nous ne remettons pas en question le travail important et nécessaire de Pélagis sur les indicateurs de biodiversité à l’échelle populationnelle et sur les échouages de dauphins morts dans le contexte préoccupant des captures par les engins de pêche. Raison pour laquelle, depuis des années nos équipes leur apportent de nombreux cadavres de dauphins trouvés en mer lors de nos patrouilles et leur font remonter systématiquement les nombreux signalements qui nous parviennent. Nous précisons puisqu’ils tiennent à ce que nous soyons clairs là-dessus et nous l’ont rappelé plusieurs fois par le passé, qu’il n’existe aucune collaboration entre Pélagis et Sea Shepherd. Notre contribution et la remontée d’informations est à sens unique.

Il est clair que le cœur de métier de Pélagis depuis sa création, leurs études et leur expertise concernent principalement les échouages d’animaux morts et les dynamiques de populations. Si leur contribution au secours d’individus échoués vivants est utile, leur mandat exclusif en la matière est illogique et dommageable d’autant que certaines personnes à des postes clés de cette institution s’acharnent à faire passer pour de la science, leur idéologie personnelle ou la défense de leurs prérogatives.

Cela donne lieu à des attitudes dogmatiques et tyranniques tout à fait scandaleuses.

Notre soigneur animalier (capacitaire phoque) Enrique Petit, en a fait les frais. En effet, Pélagis a supprimé son nom de ses registres il y’ a quelques semaines, après des années de bons et loyaux services, parce que sous l’égide de Sea Shepherd France, Monsieur Petit a refusé de laisser mourir une baleine à petit feu sous le soleil cuisant d’une plage du Finistère ou encore de laisser livré à lui-même un phoque en détresse à Étretat. Pélagis avait non seulement refusé d’envoyer un correspondant RNE pour juger de l’état sanitaire du phoque qui était à l’agonie, mais avait également empêché Enrique Petit de mobiliser l’aide d’une vétérinaire qu’ils ont menacée de poursuites si elle intervenait. Pélagis a par la suite publié un article sur cette affaire, rappelant qu’ils sont les garants de l’autorité scientifique et que notre association n’est pas mandatée par l’Etat.

bébé phoque

Nous alertons le Ministère de la Mer et de la Transition Écologique sur cette problématique depuis de nombreux mois et nous espérons que les lignes bougent enfin pour permettre une collaboration réelle et sans domination dogmatique, entre tous les acteurs compétents, complémentaires et légitimes à intervenir pour venir en aide aux mammifères marins qui le nécessitent. La comparaison avec ce qui est mis en place dans certains pays anglo-saxons ne nous fait vraiment pas honneur et nous avons tout à gagner à nous en inspirer.

Le bébé phoque de Ploemeur est pour Sea Shepherd France, le dysfonctionnement de trop, la énième victime d’un système inadapté qui empêche notre pays d’apporter aux mammifères marins une assistance et des soins au niveau de ce qu’on est en droit d’attendre d’une grande nation maritime comme la France.

 

Lamya Essemlali

Présidente de Sea Shepherd France

Lire nos rapports sur : 

👉 Le rorqual Kalon ici 

👉 Le phoque d’Etretat ici